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Robert Spencer – La vérité sur mohamed – La religion la plus intolérante au monde


L’Islam fondamentaliste dit puiser ses racines dans le Coran, on pourrait en déduire que le livre sacré lui-même détient des directives irréconciliables avec les valeurs démocratiques, le premier amendement de la constitution (américaine), l’égalité des sexes, et le système judiciaire. Êtes-vous d’accord ?
SPENCER : Bien entendu. Au travers de l’histoire de l’islam, il est déduit par une grande majorité de commentateurs orthodoxe et théologiens ainsi que par les écoles de jurisprudence islamique qui forment diverses sectes, que l’Islam nourrit des directives irréconciliables avec les valeurs démocratiques, l’égalité des droits homme-femme, et le système judiciaire.
SUITE: http://www.drzz.info/article-23098640…
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Les lieux”saints” de l’islam – Publié le 06/07/2007 par mahomet

Dès les VIIème-VIIIème siècles, Jean Damascène qualifiait l’islam de secte.

Effectivement, l’islam fut une secte (qui reprit le canon judéo-chrétien en le détournant dans un sens plus violent et plus partisan), et Mahomet fut son gourou. Avant tout, un gourou doit se faire obéir: « Obéissez à Allah, obéissez au Messager, et prenez garde! Si ensuite vous vous détournez… alors sachez qu’il n’incombe à Notre messager que de transmettre le message clairement. » (5:92)

Et moi qui croyais que le Messager n’était qu’un simple “annonceur”, un homme comme les autres… Il peut avoir des relations sexuelles avec toute femme de la secte.

Allah dit à Mahomet : ” O prophète ! Il t’es permis d’épouser les femmes que tu auras dotées, les captives qu’Allah aura fait tomber entre tes mains, les filles de tes oncles et de tes tantes maternels et paternels qui ont pris la fuite avec toi, et toute femme fidèle qui aura donné son âme au prophète. C’est une prérogative que nous t’accordons sur les autres croyants. ” (Sourate 30/49-51)

Ce privilège unique qu’a Mahomet, lui qui aime beaucoup les femmes comme il le dit dans un hadith, lui qui avait un appétit sexuel unique, il en profitera bien.

Il épousera Zaynab, la femme de son fils (ce qui est interdit aux autres hommes), grâce à une recommandation d’Allah.

Il épousera Aïcha, 9 ans.

Comme l’écrit Tabari : “Malgré le fait qu’Aïcha fut la fiancée de quelqu’un d’autre, et que son père Abou Bakr s’opposait à son alliance avec le Prophète, celui-ci convainquit tout le monde et fit son alliance avec Aïcha. Elle fut donc fiancée à 6 ans et mariée à 9 ans.”

Pour le reste, la vie de Mahomet fut très agréable. Il est au milieu de ses disciples, et au moment opportun, arrive la communication d’Allah.

“O Envoyé d’Allah! Je suis sortie et Omar m’a dit telle et telle chose”. Elle (Aïcha) ajouta: “Aussitôt, il reçut la révélation (de la sourate Al -‘Ahzâb, verset 59), puis revint à son calme — pendant tout ce temps le morceau de gigot était encore dans ses mains – et dit: Allah vous a autorisé à sortir pour satisfaire votre besoin naturel. (Hadith 4034 dans le Sahîh de Muslim)

L’impôt révolutionnaire, la zakat (à ne pas confondre avec la saddaquat qui est l’aumône), est dédié à la croissance de la secte. C’est la première source de richesse pour Mahomet. Toute tribu vaincue doit acquitter la zakat si elle veut survivre. L’argent a une importance inouïe en islam ; le dépenser au lieu de le mettre dans les caisses de la secte est un péché malin : « car les gaspilleurs sont les frères des diables ; et le Diable est très ingrat envers son Seigneur. » (17:27)

Mahomet, ce “saint” homme, a naturellement la haute main sur le butin : « Ils t’interrogent au sujet du butin. Dis : “Le butin est à Allah et à Son messager.”

Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous et obéissez à Allah et à Son messager, si vous êtes croyants. » (8:1)

A une autre époque, Mahomet ne réclamait qu’un cinquième du butin… « Et sachez que, de tout butin que vous avez ramassé, le cinquième appartient à Allah, au messager, à ses proches parents, aux orphelins, aux pauvres, et aux voyageurs (en détresse), si vous croyez en Allah et en ce que Nous avons fait descendre sur Notre serviteur, le jour du Discernement : le jour où les deux groupes s’étaient rencontrés, et Allah est Omnipotent ). » (8:41)

SUITE: http://mahomet.centerblog.net/

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Robert Spencer sous-titré en Français:"Séminaire sur l'Islam à Visbi, Suède"




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Le Coran: un livre guerrier

Le Coran: un livre guerrier

Au vu de la carrière de Mahomet, si profondément marquée par le sang et les opérations militaires, on peut s’attendre à ce que le livre sacré légué au monde par le prophète de l’Islam soit également violent et intransigeant. Et c’est le cas: le Coran est le seul exemple d’écriture sacrée recommandant à ses adeptes de faire la guerre contre les incroyants.

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Le Coran préconise la guerre

Le Coran contient plus de cent versets exhortant les croyants à faire le djihad contre les incroyants. «Ô prophète! Lutte durement contre les mécréants et les hypocrites et sois inflexible avec eux. L’enfer sera leur demeure, un bien pauvre refuge, en vérité» (Coran 9:73). «Lutte durement» est la traduction de djahidi, une forme verbale du terme arabe djihad. Cette lutte devait avoir lieu sur le champ de bataille. «Quand vous rencontrerez les incroyants sur le champ de bataille, frappez-les à la nuque et, quand vous les aurez maîtrisés, ligotez fermement vos captifs» (Coran 47:4). Ces ordres sont répétés avec insistance: «Ô croyants! Combattez les incroyants qui vous entourent et qu’ils vous trouvent fermes. Et sachez qu’Allah soutient ceux qui le craignent» (Coran 9:123).

Cette effort de guerre devait être dirigé contre ceux qui rejetaient l’Islam et ceux qui prétendaient être musulmans sans y adhérer totalement: «Prophète, fais la guerre aux incroyants et aux hypocrites et traite-les avec rigueur. L’enfer sera leur demeure – quel sort mauvais est le leur» (Coran 9:73). Cette guerre constituait une partie du conflit spirituel plus large entre Allah et Satan: «Ceux qui croient combattent dans la voie d’Allah, et ceux qui ne croient pas combattent dans la voie du diable. Alors, combattez les amis du diable» (Coran 4:76).

«Puis, lorsque les mois sacrés seront écoulés, tuez les idolâtres où que vous les trouviez Faites-les captifs, assiégez-les, tendez-leur des embuscades. Mais s’ils se repentent, qu’ils pratiquent le culte et paient leur aumône, laissez-les aller leur chemin. Allah est clément et miséricordieux» (Coran 9:5). L’«aumône» mentionnée ici est la zakat, l’un des cinq piliers de l’Islam, qui règle l’impôt religieux, la dîme. Ainsi, ce verset déclare que si les «idolâtres» deviennent des Musulmans, ils doivent être laissés en paix.

Les Juifs et les Chrétiens devaient être combattus, de même que les «idolâtres»: «Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni en le Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et son messager ont interdit et qui ne reconnaissent pas la religion de la vérité, (même parmi) le Peuple du Livre, jusqu’à qu’ils paient la taxe de capitation [jiziah] en personne, après s’être humiliés» (Coran 9:29). La jiziah est une taxe imposée aux incroyants.

Le djihad est le premier devoir des Musulmans: «Ferez-vous du devoir de donner à boire aux pèlerins et d’entretenir la Mosquée sacrée des actes comparables à la dévotion de celui qui croit en Allah et au Jour dernier et qui combat dans la voie d’Allah? Ils ne sont pas égaux aux yeux d’Allah, et Allah ne guide pas ceux qui commettent des injustices. Ceux qui croient, qui renoncent à leur demeure et qui luttent dans la voie d’Allah [djihad fi sabil Allah], par leurs biens et par leur personne, ceux-là sont dans la plus haute estime auprès d’Allah – à eux le salut et la victoire» (Coran 9:19–20). La théologie islamique se réfère explicitement au djihad fi sabil Allah comme à un appel à prendre les armes au nom de l’Islam.

Le paradis est promis à ceux qui «tuent et sont tués» pour Allah: «Allah a acquis la personne et les biens des croyants en échange des jardins du paradis. Ils combattent dans Sa voie – ils tuent et se font tuer. C’est un engagement authentique de Sa part» (Coran 9:111).

On peut bien sûr spiritualiser de tels versets, mais la chronique historique ne laisse aucun doute sur le fait que Mahomet les comprenait de manière tout à fait littérale.

Groupe de djihadistes

Mythe PC: Le Coran enseigne la tolérance et la paix

Mais, n’est-ce pas le cas, en fait: le Coran ne prêche-t-il pas vraiment la tolérance et la paix? Bien sûr, il y a quelques versets malsains çà et là, mais il y a aussi de nombreux versets qui prônent la fraternité entre les hommes et l’égalité, la dignité, de tous les êtres humains, non?

Non. Le conseil coranique le plus proche de la tolérance et de la coexistence pacifique consiste à recommander aux croyants de laisser les incroyants dans leur erreur: «Dis: ô incroyants! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’adorez pas ce que j’adore. Je n’adorerai pas ce que vous adorez. Et vous n’adorerez pas ce que j’adore. À vous votre religion, et à moi ma religion» (Coran 109:1-6). Et s’ils doivent être laissés en paix dans leurs croyances, c’est pour qu’Allah puissent prendre soin d’eux: «Et endure leurs paroles avec patience, et éloigne-toi d’eux avec noblesse et dignité. Puis laisse-Moi traiter seul avec ceux qui vivent dans l’aisance et nient la vérité – accorde-leur un bref répit» (Coran 73:10–11).

Par-dessus tout, aucun Musulman ne devrait forcer quiconque à adopter l’Islam: «Nulle contrainte en religion: la vérité se distingue clairement de l’erreur. Quiconque rejette le diable rebelle et croit en Allah tient là le guide le plus solide, celui qui jamais ne le lâche» (Coran 2:256).

Mais est-ce là vraiment de la tolérance au sens où l’entendent les Occidentaux? Ce pourrait être un fac-similé acceptable si c’était là tout ce que le Coran avait à dire sur le sujet. Mais ce n’est pas le cas.

Mythe PC: Le Coran prescrit aux croyants de ne prendre les armes qu’en situation de légitime défense

À cette étape, les apologistes de l’Islam pourraient concéder que le Coran ne prévoit pas de maintenir les relations entre croyants et incroyants au stade du vivre-et-laisser-vivre. Ils pourraient admettre qu’il conseille aux croyants de se défendre puis affirmer qu’il s’agit là d’une attitude comparable à la notion de guerre juste prônée par l’Église catholique.

Le Coran fournit des arguments en faveur de cette thèse: «Combattez dans la voie d’Allah ceux qui vous combattent, mais ne transgressez pas (ou n’engagez pas les hostilités). Certes, Allah n’aime pas les transgresseurs (ceux qui engagent les hostilités).» Ainsi, les Musulmans sont enjoints, au moins par ce verset, de ne pas initier de conflits contre les incroyants. Mais une fois les hostilités engagées, les Musulmans doivent s’y consacrer avec ferveur: «Et tuez-les où que vous les trouviez, et chassez-les d’où ils vous ont chassés – l’association est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les. Telle est la rétribution des mécréants. Mais s’ils cessent, Allah est clément et miséricordieux.»

Et quelle est la conclusion de cette guerre? «Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’association et que la religion soit exclusivement celle Allah» (Coran 2:190–193). Cela semble indiquer que la guerre doit continuer jusqu’à que le monde entier appartienne à l’Islam – que la religion y soit «celle d’Allah» – ou soit placé sous le règne de la loi islamique.

En conséquence, l’interprétation selon laquelle le djihad serait uniquement défensif reste problématique. Le mufti sud-africain Ebrahim Desai répétait ainsi un enseignement très commun dans l’Islam en répondant à la question suivante sur le site Internet «Islam Q & A Online» : «J’ai une question à propos du djihad offensif. Cela signifie-t-il que nous devons attaquer même les non-Musulmans qui n’ont rien entrepris contre l’Islam, juste parce que nous devons propager l’Islam?» Desai répondit:

Vous devez comprendre que nous, Musulmans, croyons fermement que toute personne qui ne croit pas en l’Islam comme elle le devrait est, de ce fait, un incroyant, condamné à l’enfer éternel. Ainsi, l’un des premiers devoirs du Musulman est de répandre l’Islam partout dans le monde et de sauver ainsi des gens de la damnation éternelle. Ainsi, ce que le passage du Tafsir Uthmani (un commentaire du Coran) vent dire est que si un pays ne permet pas la diffusion de l’Islam auprès de ses habitants d’une manière appropriée ou s’il s’oppose à cette diffusion, alors le gouvernant musulman est en droit de faire le djihad contre ce pays, afin que le message de l’Islam puisse atteindre ses habitants, et ainsi les sauver du feu de l’enfer. Si l’incroyant nous permet de répandre l’Islam paisiblement, alors nous n’engageons pas le djihad contre lui.[1]

En d’autres termes, si un pays est perçu comme un empêchement à la diffusion de l’Islam, les Musulmans sont tenus de faire la guerre contre lui. Et ce serait naturellement considéré comme un conflit défensif, en juste réaction à l’empêchement initial. Voici un autre exemple de l’élasticité et ainsi de l’inanité de la notion de légitime défense dans ce contexte: que constitue une provocation suffisante? Les défenseurs doivent-ils attendre que l’ennemi ait lancé la première attaque militaire? Ces questions ne trouvent aucune réponse claire dans la législation islamique, ce qui permet à n’importe qui de présenter à peu près n’importe quelle entreprise comme un acte de légitime défense sans violer les canons de ses lois. Mais cela enlève également tout sens à la revendication si souvent répétée selon laquelle le djihad ne pourrait être que défensif.

Les versets tolérants du Coran: «annulés»

De plus, les derniers mots que le Coran consacre au djihad ne sont pas défensifs, mais offensifs. Les sourates du Coran ne sont pas classées par ordre chronologique, mais en fonction de leur longueur. Par ailleurs, la théologie islamique divise le Coran en sourates «mecquoises» et «médinoises». Les chapitres mecquois proviennent de la première partie de la carrière de prophète de Mahomet, d’une époque à laquelle il appelait simplement les Mecquois à adopter l’Islam. Plus tard, après sa fuite à Médine, il durcit sa position. Les sourates médinoises sont moins poétiques et généralement beaucoup plus longues que celles de La Mecque; elles sont remplies de considérations légales et rituelles, et d’exhortations à la guerre contre les incroyants. Les versets relativement tolérants mentionnés plus haut et d’autres analogues datent donc généralement de la période mecquoise, tandis que ceux prônant une attitude plus violente et intolérante proviennent en grande partie de Médine.

Pourquoi cette distinction a-t-elle de l’importance? En raison de la doctrine islamique de l’abrogation (naskh) – notion selon laquelle Allah peut modifier ou abroger ses paroles adressées aux Musulmans: «Si Nous abrogeons un verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas qu’Allah est Omnipotent?» (Coran 2:106). Dans cette optique, les versets violents de la neuvième sourate, incluant le verset de l’épée (9:5), abrogent les versets pacifiques car ils furent révélés à une date ultérieure de la carrière prophétique de Mahomet. En fait, la majorité des autorités musulmanes s’accordent à dire que la neuvième sourate fut le dernier chapitre révélé du Coran.

Sur cette base, des théologiens islamiques affirmèrent que le verset de l’épée abroge pas moins de 124 versets plus pacifiques et tolérants du Coran.[3] Le Tafsir al-Jaladayn, un commentaire du Coran par les dignes imams Jalal al-Din Muhammad ibn Ahmad al-Mahalli (1389–1459) et Jalal al-Din Abd al-Rahman ibn Abi Bakr al-Suyuti (1445–1505), affirme que la neuvième sourate «a été envoyée lorsque la sécurité fut chassée par l’épée».[4] Un autre commentateur classique et respecté du Coran, Ismail bin Amr bin Kathir al Dimashqi (1301–1372), plus connu sous le nom de Ibn Kathir, déclare que la sourate 9:5 «abrogea tous les accords de paix entre le prophète et tout idolâtre, tous les traités et toutes les dispositions. (…) Aucun idolâtre n’a plus eu aucun traité ou promesse de sécurité depuis la révélation de la sourate Baraah (la neuvième sourate).»[5] Ibn Juzayy († 1340), un autre commentateur dont les œuvres sont toujours lues dans le monde islamique, concourt: le verset de l’épée a selon lui pour objet d’«abroger tous les traités de paix du Coran».[6]

Ibn Kathir précise cela clairement dans son commentaire d’un autre «verset tolérant»: «Et sa parole [la parole du Prophète à Allah]: ‹Seigneur, ce sont là des gens qui ne croient pas›. Et bien, éloigne-toi d’eux (pardonne-leur); et dit: ‹Salut!› [Salam] Car ils sauront bientôt.» (Coran 43:88–89). Ibn Kathir explique: «Dit Salam (paix) signifie: ne leur réponds pas de la manière malfaisante dont ils ont usé envers toi; tente au contraire d’adoucir leur cœur et pardonne-leur en paroles et en actes.» Mais le passage ne s’arrête pas là. Ibn Kathir entame alors la dernière partie: «Car ils sauront bientôt. C’est là un avertissement d’Allah pour eux. Son châtiment imparable les frappa, et sa religion et sa parole furent suprêmes. Par la suite, le djihad et la lutte furent rendus obligatoire jusqu’à que le peuple entre en masses dans la religion d’Allah et que l’Islam couvre toute l’étendue séparant l’est et l’ouest.»[7]

Or cette œuvre n’est pas encore achevée.

Tout cela signifie que la guerre contre les incroyants jusqu’à qu’ils deviennent des Musulmans ou qu’ils paient la jizia – l’impôt spécial sur les non-Musulmans prévu par la loi islamique – «après s’être humiliés» (Coran 9:29) est le dernier mot du Coran sur le djihad. La tradition islamique courante a interprété cela comme un ordre de marche permanent d’Allah contre la race humaine: la oumma (communauté) islamique doit rester en état de guerre perpétuelle avec le monde non musulman, un effort interrompu seulement par des trêves temporaires.

De nos jours, certains théologiens islamiques tentent d’édifier des visions alternatives de l’Islam, basées sur une compréhension différente de l’abrogation; mais ces efforts n’ont suscité que peu d’intérêt et de soutien parmi les Musulmans dans le monde, ceci d’autant plus qu’ils s’opposent de manière frontale aux interprétations qui ont fait foi durant des siècles dans l’Islam.

Mythe PC: la Bible est aussi violente que le Coran

Bon, le Coran prône la guerre. Mais la Bible aussi, non? Les apologistes islamiques et leurs alliés non musulmans tentent fréquemment de plaider l’équivalence morale entre l’Islam et le Christianisme: «Les Musulmans sont violents? Les Chrétiens aussi! Les Musulmans font leur djihad? Et qu’en est-il des Croisades? Le Coran recommande la guerre? Bah, je pourrais tout aussi bien dénicher des versets violents dans la Bible.» Vous pouvez trouver ce genre de choses dans toutes les traditions religieuses, nous dit-on. Aucune d’entre elles n’est plus ou moins susceptible d’inciter ses adeptes à la violence, nous assure-t-on.

Vraiment? Certains apologistes islamiques et défenseurs non musulmans de l’équivalence morale affirment que nous pouvons même trouver dans le Nouveau Testament de quoi exhorter les croyants à la violence. Ils désignent le plus souvent les deux passages suivants:

«Je vous le dis, on donnera à celui qui a, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence» (Luc 19:16–27). La tromperie, manifeste, consiste ici à présenter les paroles d’un roi cité dans une parabole, et non les instructions de Jésus à ses adeptes. Mais ces «subtilités» sont souvent ignorées à l’ère des communications modernes.

«Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère» (Matthieu 10:34–35). Si ce passage exhortait bel et bien à une quelconque violence littérale, ce serait un djihad intrafamilial. Mais il est absurde de l’invoquer comme un parallèle aux passages djihadiques du Coran, dont le nombre dépasse la centaine: même les croisés à leurs pires heures de vénalité et de cupidité n’invoquèrent jamais de tels passages. Et de toute manière, compte tenu du message global totalement pacifique de Jésus, il est évident que l’épée dont il parlait était allégorique, métaphysique. Interpréter ce texte de manière littérale, c’est méconnaître Jésus qui, contrairement à Mahomet, ne prit jamais part à des batailles. C’est aussi manquer de discerner la poésie, pourtant omniprésente, de la Bible.

Conscients, peut-être, de l’inanité d’une telle argumentation biblique, les apologistes islamiques désignent plutôt différents passages de l’Ancien Testament.

«Lorsque l’Éternel, ton Dieu, t’aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, et qu’il chassera devant toi beaucoup de nations, les Héthiens, les Guirgasiens, les Amoréens, les Cananéens, les Phéréziens, les Héviens et les Jébusiens, sept nations plus nombreuses et plus puissantes que toi; lorsque l’Éternel, ton Dieu, te les aura livrées et que tu les auras battues, tu les dévoueras par interdit, tu ne traiteras point d’alliance avec elles, et tu ne leur feras point grâce» (Deutéronome 7:1–2).«Quand tu t’approcheras d’une ville pour l’attaquer, tu lui offriras la paix. Si elle accepte la paix et t’ouvre ses portes, tout le peuple qui s’y trouvera te sera tributaire et asservi. Si elle n’accepte pas la paix avec toi et qu’elle veuille te faire la guerre, alors tu l’assiégeras. Et après que l’Éternel, ton Dieu, l’aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l’épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l’Éternel, ton Dieu, t’aura livrés. C’est ainsi que tu agiras à l’égard de toutes les villes qui sont très éloignées de toi, et qui ne font point partie des villes de ces nations-ci. Mais dans les villes de ces peuples dont l’Éternel, ton Dieu, te donne le pays pour héritage, tu ne laisseras la vie à rien de ce qui respire» (Deutéronome 20:10–17).

«Maintenant, tuez tout mâle parmi les petits enfants, et tuez toute femme qui a connu un homme en couchant avec lui; mais laissez en vie pour vous toutes les filles qui n’ont point connu la couche d’un homme» (Nombres 31:17–18).

Voilà du sérieux, non? Tout aussi grave que «tuez les incroyants où que vous les trouviez» (Coran 9:5) and «lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement» (Coran 47:4) et tout le reste, non?

Non. À moins que vous ne soyez héthien, guirgasien, amoréen, cananéen, phérézien, hévien ou jébusien, ces passages bibliques ne vous concernent nullement. Le Coran exhorte les croyants à combattre les incroyants sans jamais spécifier dans le texte que seuls certains incroyants sont visés, ou pour une certaine période seulement, ou avec une quelconque autre distinction. S’il en faut en croire les textes tels qu’ils sont, l’ordre donné aux Musulmans de faire la guerre aux incroyants est illimité et universel. L’Ancien Testament, en revanche, prévoit expressément que les ordres guerriers donnés aux Israélites ne s’appliquent qu’à certains peuples bien précis. Ces injonctions tranchent douloureusement avec la sensibilité actuelle, c’est indéniable, mais elles sont très différentes dans leur impact. C’est la raison pour laquelle ni les Juifs ni les Chrétiens n’ont formé de groupes terroristes qui, aux quatre coins du monde, citent ces textes sacrés pour justifier le massacre de civils non combattants.

Oussama Ben Laden, leader de Al-Qaida

En revanche, Oussama Ben Laden, qui n’est que le membre le plus visible d’un réseau terroriste s’étendant de l’Indonésie au Nigéria, avec des antennes jusqu’en Europe occidentale et en Amérique du Nord et du Sud, cite généreusement le Coran dans ses communiqués. Dans sa «Déclaration de guerre contre les Américains occupant le pays des deux lieux saints» de 1996, il cite les sourates 3:145, 47:4–6, 2:154, 9:14, 47:19, 8:72 et naturellement le fameux «verset de l’épée», le 9:5.[10] En 2003, au premier jour de la fête sacrée musulmane de l’Eid al-Adha, la Fête du Sacrifice, il commença son sermon par: «Loué soit Allah qui révéla le verset de l’épée à son serviteur et messager [le prophète Mahomet] afin d’instaurer la vérité et d’abolir le mensonge.»[11]

Bien sûr, un esprit malveillant peut citer les Écritures à son profit, mais l’utilisation que fait Oussama de ces passages et d’autres est tout à fait conforme (comme nous allons le voir) à l’acceptation islamique traditionnelle du Coran. Lorsque les Juifs et les Chrétiens actuels lisent leur Bible, il est tout naturel pour eux de ne pas interpréter les passages mentionnés plus haut comme autant d’exhortations à violenter les incroyants. Cela est dû à des siècles de traditions de réflexion et d’interprétation qui ont permis de s’éloigner du sens littéral de ces passages. Mais en Islam, il n’existe aucune tradition comparable. Les passages djihadiques du Coran ne sont absolument pas lettre morte. En Arabie Saoudite, au Pakistan et ailleurs, les écoles islamiques sont des foyers de recrutement essentiels des groupes terroristes djihadiques: les élèves y apprennent qu’ils sont tenus de faire le djihad, et ces groupes leur en offrent la possibilité concrète.

* * *

[1] “I have a question about offensive Jihad”, Islam Q & A Online avec le mufti Ebrahim Desai, question 12128 du Canada, http://www.islam.tc/asl-imam/view.php ?q=12128

[2] Sidik Aucbur, “The true meaning of Jihad”, http://www.khilafah.com, 11 mai 2003

[3] Ibn Arabi, dans Suyuti, Itqan iii, 69. Cf. John Wansbrough, Quranic Studies, Prometheus, 2003, p. 184.

[4] «Sura at-Tawba: Repentance», Tafsir al-Jalalayn, traduction anonyme, republiée sur http://ourworld.compuserve.com/homepages/ABewley/tawba1.html

[5] Ibn Kathir, vol. 4, 377.

[6] «Sura at-Tawba: Repentance», Tafsir al-Jalalayn, traduction anonyme, republiée sur http://ourworld.compuserve.com/homepages/ABewley/tawba1.html

[7] Ibn Kathir, vol. 8, 668.

[8] «Question #34770: There is no compulsion to accept Islam», Learn Hajj Jurisprudence, Islam Q & A, http://63.175.194.25/index.php?In=eng&ds=qa&lv=browse&QR=34770&dgn=4

[9] Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI), «PA TV Broadcasts Call for Killing Jews and Americans», MEMRI Special Dispatch No. 138, 13 octobre 2000, http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sd&ID=SP13800

[10] Oussama Ben Laden, «Declaration of War against the Americans Occupying the Land of the Two Holy Places», 1996. http://mideastweb.org/osamabinladen1.htm

[11] Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI), «Bin Laden’s Sermon for the Feast of the Sacrifice», MEMRI Special Dispatch No. 476, 5 mars 2003. http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sd&ID=SP47603

Posted by admin as Ch. 02 – Le Coran: livre guerrier at 10:00 AM PDT

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Les mythes au sujet des Croisades

Selon le journaliste Amin Maalouf (dans Les Croisades vues par les arabes), le sac de Jérusalem par les croisés en 1099 représente « le point de départ de l’hostilité millénaire entre l’Islam et l’Occident ».

Une représentation moderne d'un croisé

[1] L’intellectuel et apologiste de l’Islam John Esposito développe cette notion : il reproche aux croisades (« de prétendues guerres saintes ») d’avoir, d’une manière générale, entravé une civilisation pluraliste : « Cinq siècles de coexistence pacifique s’écoulèrent avant que des événements politiques et l’intervention d’un pape impérialiste ne viennent initier plusieurs siècles de prétendues guerres saintes opposant la Chrétienté à l’Islam qui laissèrent un climat de malentendu et de méfiance perdurant jusqu’à nos jours. »[2]

Maalouf ne semble pas vouloir envisager que cette « hostilité millénaire » ait pu commencer avec la menace voilée du prophète Mohamed à l’encontre de ses voisins non musulmans, émise 450 ans avant que les croisés n’entrent dans Jérusalem: « Adoptez l’Islam et vous serez saufs. »[3] Il n’aborde pas non plus la possibilité que les Musulmans aient pu susciter cette « hostilité millénaire » par la conquête de territoires chrétiens – deux tiers de ce qui avait été jusque là le monde chrétien – des siècles avant les croisades. Les « cinq siècles de coexistence pacifique » d’Esposito sont illustrés selon lui par la conquête de Jérusalem en 638 au cours de laquelle « les églises et la population chrétiennes ne furent pas agressées. »[4] Il omet de mentionner le sermon de Noël de Sophronius en 634 qui dénonçait « la sauvage, barbare et sanglante épée » musulmane et à quel point cette épée avait rendu la vie des Chrétiens difficile.[5]

Mythe PC : Les croisades furent une attaque non provoquée de l’Europe contre le monde musulman

Faux. La conquête de Jérusalem en l’an 638 marqua le début de plusieurs siècles d’agression musulmane et d’aggravation des persécutions à l’encontre des Chrétiens de Terre Sainte. Quelques exemples : au début du VIIIe siècle, soixante pèlerins chrétiens d’Amorium furent crucifiés ; à la même époque, le gouverneur musulman de Césarée captura et exécuta un groupe de pèlerins en provenance d’Iconium sous prétexte d’espionnage (à l’exception de quelques-uns qui se convertirent à l’Islam) ; menaçant de piller l’église de la Résurrection, les Musulmans exigèrent de l’argent des pèlerins. Plus tard au VIIIe siècle, un chef musulman interdit toute exhibition de la croix dans Jérusalem. Il augmenta l’impôt religieux (jizya) à la charge des Chrétiens et interdit à ces mêmes Chrétiens d’enseigner la religion chrétienne, même à leurs propres enfants.

Carte des croisades

La soumission par la force et la violence devint la règle pour les Chrétiens vivant en Terre Sainte. En l’an 772, le calife al-Mansur ordonna que les mains des Chrétiens et des Juifs soient marquées d’un signe distinctif. Les conversions au Christianisme furent traitées de manière particulièrement brutale. En l’an 789, les Musulmans décapitèrent un moine musulman qui s’était convertit au Christianisme et saccagèrent le monastère de Saint Théodose à Bethléem, tuant plusieurs autres moines. D’autres monastères de la région subirent le même sort. Au début du IXe siècle, les persécutions s’intensifièrent à tel point qu’un grand nombre de Chrétiens s’enfuirent vers Constantinople et d’autres villes chrétiennes. En l’an 923, de nouvelles persécutions conduisirent à la destruction d’églises et, en l’an 937, pendant le dimanche des Rameaux à Jérusalem, les Musulmans pillèrent et détruisirent les églises du Calvaire et de la Résurrection.[7]

En réponse aux persécutions subies par les Chrétiens, les Byzantins passèrent d’une politique défensive à une politique offensive vis-à-vis des Musulmans, tenant de reconquérir certains de leurs territoires perdus. Dans les années 960, le général Nicéphore Phokas (futur empereur byzantin) entreprit une série de campagnes militaires victorieuses contre les Musulmans. Il reprit la Crête, la Cilicie, Chypre et même certaines parties de la Syrie. En 969, il reconquit l’antique cité chrétienne d’Antioche. Les Byzantins étendirent leur campagne en Syrie dans les années 970.[8]

Selon la théologie musulmane, tout territoire ayant appartenu au Domaine de l`Islam lui appartient à jamais, et les musulmans doivent entrer en guerre pour en récupérer le contrôle. En 974, ayant essuyé une série de défaites contre les Byzantins, le calife Abbasside (sunnite) de Bagdad déclara le jihad. Celui-ci faisait suite à une série de jihads annuels initiée par Saif al-Dawla, chef chiite de la dynastie Hamdanide à Alep entre 944 et 967. Saif al-Dawla appelait les musulmans à lutter contre les Byzantins sous prétexte que ces derniers s’emparaient de territoires appartenant au Domaine de l’Islam. Cet appel fut si populaire qu’il motiva des guerriers musulmans provenant de régions aussi lointaines que l’Asie Centrale à se joindre au jihad.[9]

Mais ce jihad fut compromis par les clivages entre Sunnites et Chiites et, en 1001, l’empereur byzantin Basile II conclut une trêve de dix ans avec le calife Fatimide (chiite).[10]

Basile apprit cependant bientôt à ses dépens que de telles trêves sont illusoires. En 1004, le sixième calife Fatimide, Abu’Ali al-Mansur al-Hakim (985-1021) se retourna violemment contre la foi de sa mère et de ses oncles chrétiens (dont deux étaient des patriarches) et organisa la destruction d’églises, l’incendie de croix et la saisie des biens de l’église. Il s’en prit également aux juifs avec la même férocité. En l’espace de dix ans, 30 000 églises furent détruites et d’innombrables Chrétiens se convertirent à l’Islam pour sauver leur vie. En 1009, al-Hakim ordonna le plus spectaculaire de ses méfaits antichrétiens : la destruction de l’église du Saint Sépulcre à Jérusalem, ainsi que de plusieurs autres (dont l’église de la Résurrection).

L'empire Byzantin au VIe Siècle

L’église du Saint Sépulcre, reconstruite par les Byzantins au VIIe siècle après avoir été incendiée par les Perses, marque l’endroit où la tradition situe le tombeau du Christ ; elle servit aussi de modèle pour la mosquée Al-Aqsa. Al-Hakim ordonna que le tombeau qu’elle abritait soit excavé jusqu’à la roche. Il contraignit les Chrétiens à porter une lourde croix au cou (et, pour les juifs, de pesants morceaux de bois en forme de veau). Il accumula ce type de décrets humiliants [envers les non-Musulmans] jusqu’à imposer le choix entre la conversion à l’Islam ou l’exil.[11]

Finalement, ce calife fantasque modéra sa persécution des non-Musulmans et restitua même une large part des biens saisis à l’Église.[12] Une des raisons du changement d’attitude d’al-Hakim fut probablement sa prise de distance progressive avec l’orthodoxie islamique. En 1021, il disparut dans des circonstances mystérieuses ; certains de ses partisans le déclarèrent d’essence divine et fondèrent une secte basée sur le mystère de sa disparition et sur d’autres enseignements ésotériques émanant d’un religieux musulman, Muhammad ibn Isma’il al-Darazi (qui donna son nom à la secte druze).[13] Grâce au revirement d’al-Hakim, dont la nouvelle politique fut maintenue après sa mort, il fut permis aux Byzantins de reconstruire l’église du Saint Sépulcre en 1027.[14]

Néanmoins, la situation des Chrétiens était précaire et les pèlerins restaient menacés. En 1056, les Musulmans expulsèrent 300 chrétiens de Jérusalem et interdirent aux Chrétiens d’Europe de pénétrer dans l’église du Saint Sépulcre.[15] Lorsque les Turcs seldjoukides, des fanatiques forcenés, descendirent sur la région depuis l’Asie Centrale, ils y insufflèrent une nouvelle ferveur islamique, rendant la vie de plus en plus difficile à la fois pour les Chrétiens de Jérusalem et pour les pèlerins étrangers (qu’ils empêchèrent de poursuivre leur voyage). Après qu’ils eurent écrasé les forces byzantines à Manzikert en 1071 et fait prisonnier l’empereur Romain IV Diogène, l’Asie Mineure toute entière s’ouvrait à eux ; leur avance devint pratiquement irrésistible. En 1076, ils conquirent la Syrie ; en 1077, Jérusalem. L’émir seldjoukide Atsiz bin Uwaq promit d’épargner les habitants de Jérusalem, mais une fois que ses hommes eurent pénétré dans la ville, ils tuèrent trois mille personnes.[16] La même année, les Seldjoukides établirent le sultanat de Rum (Rome, en référence à la Nouvelle Rome, Constantinople) à Nicée, dangereusement proche de Constantinople elle-même. De là, ils continuèrent à menacer les Byzantins et à harceler les Chrétiens de leurs nouveaux domaines.

L’empire chrétien de Byzance, qui avant les guerres de conquête de l’Islam avait régné sur de vastes territoires comprenant le sud de l’Italie, l’Afrique du nord, le Moyen-Orient et l’Arabie, se trouvait réduit à un peu plus que la Grèce. Il semblait sur le point de mourir de la main des Seldjoukides. L’Église de Constantinople considérait les papes comme schismatiques, et se querellait avec eux depuis des siècles ; mais le nouvel empereur Alexis I Comnène (1081-1118) ravala sa fierté et appela à l’aide. Et c’est ainsi que prit naissance la première Croisade : en réponse à l’appel à l’aide de l’empereur byzantin.

Mythe PC : Les croisades constituent une première manifestation de l’impérialisme prédateur de l’Occident

Impérialisme prédateur ? Pas vraiment. Le Pape Urbain II, qui appela à la première croisade lors du concile de Clermont en 1095, ne réclamait qu’une action défensive – qui tardait depuis trop longtemps. Comme il l’expliqua, il lança cet appel parce que, sans action défensive, les Turcs et les forces musulmanes « porteraient leurs ravages plus avant ». Après avoir exhorté ses fidèles à rester en paix les uns avec les autres, il tourna leur attention vers l’Orient :

« Il est urgent, en effet, que vous vous hâtiez de marcher au secours de vos frères qui habitent en Orient, et ont grand besoin de l’aide que vous leur avez, tant de fois déjà, promise hautement. Les Turcs et les Arabes se sont précipités sur eux, ainsi que plusieurs d’entre vous l’ont certainement entendu raconter, et ont envahi les frontières de la Romanie [l’Empire byzantin], jusqu’à cet endroit de la mer Méditerranée, qu’on appelle le bras de Saint-Georges, étendant de plus en plus leurs conquêtes sur les terres des Chrétiens. Sept fois déjà ils ont vaincu ceux-ci dans des batailles, en ont pris ou tué grand nombre, ont renversé de fond en comble les églises, et ravagé tout le pays soumis à la domination chrétienne. Si vous souffrez qu’ils commettent quelque temps encore et impunément de pareils excès, ils porteront leurs ravages plus loin, et écraseront une foule de fidèles serviteurs de Dieu.C’est pourquoi je vous avertis et vous conjure, non en mon nom, mais au nom du Seigneur, vous les hérauts du Christ, d’engager par de fréquentes proclamations les Francs de tout rang, gens de pied et chevaliers, pauvres et riches, à s’empresser de secourir les adorateurs Christ, pendant qu’il en est encore temps, et de chasser loin des régions soumises à notre foi la race impie des dévastateurs. Cela, je le dis à ceux de vous qui sont présents ici, je vais le mander aux absents; mais c’est le Christ qui l’ordonne. »[17]

Soulignons que le pape ne dit pas un mot sur la conversion ou la conquête. Un appel à « chasser loin des régions soumises à notre foi la race impie des dévastateurs » résonne durement selon les standards d’aujourd’hui ; cependant, il ne s’agissait pas d’une exhortation au génocide, mais plutôt d’extirper la domination islamique de terres qui avaient appartenu aux Chrétiens. Un chroniqueur rapporte qu’Urbain prononça ces mots au début de son discours : « (…) Nous voulons vous faire connaître quelle cause douloureuse nous a amené dans vos pays, comment nous y avons été attirés par le péril qui vous menace, vous et tous les fidèles. (…). »

Des confins de Jérusalem et de la ville de Constantinople nous sont parvenus de tristes récits : souvent déjà nos oreilles en avaient été frappées; des peuples du royaume des Persans, nation maudite, nation entièrement étrangère à Dieu, race qui n’a point confié son esprit au Seigneur, a envahi en ces contrées les terres des chrétiens, les a dévastées par le fer, le pillage, l’incendie, a emmené une partie d’entre eux captifs dans son pays, en a mis d’autres misérablement à mort, a renversé de fond en comble les églises de Dieu, ou les a fait servir aux cérémonies de son culte; ces hommes renversent les autels après les avoir souillés de leurs impuretés. (…) Ils ont démembré l’empire grec, et en ont soumis à leur domination un espace qu’on ne pourrait traverser en deux mois de voyage. (…) Cette cité royale, située au milieu du monde, maintenant tenue captive par ses ennemis, est réduite en la servitude de nations ignorantes de la loi de Dieu; elle vous demande donc et souhaite sa délivrance, et ne cesse de vous implorer pour que vous veniez à son secours. C’est de vous surtout qu’elle attend de l’aide, parce qu’ainsi que nous vous l’avons dit Dieu vous a accordé, par-dessus toutes les nations, l’insigne gloire des armes: prenez donc cette route, en rémission de vos péchés, et partez assurés de la gloire impérissable qui vous attend dans le royaume des cieux.[26]

L’appel du pape évoqua la destruction de l’église du Saint Sépulcre par les Musulmans: « Soyez touchés surtout en faveur du saint sépulcre de Jésus-Christ, notre sauveur, possédé par des peuples immondes, et des saints lieux qu’ils déshonorent et souillent avec irrévérence de leurs impuretés. »[27]Les croisades prirent la forme de pèlerinages : les Chrétiens d’Europe se mirent en route motivés par des raisons religieuses et avec l’intention de se défendre si leur parcours était entravé ou s’ils étaient attaqués. Beaucoup prononcèrent leurs vœux. Surtout au début, un grand nombre de non-soldats se mirent en route vers la Terre Sainte – et la plupart des participants à cette « Croisade populaire » furent massacrés sans cérémonie par les Turcs en Asie Mineure occidentale en août 1096.

Mythe PC : Les croisades étaient motivées par l’appât du gain

Il est évident que les croisés n’étaient pas tous animés d’intentions parfaitement pures. Nombre d’entre eux ne se montrèrent pas à la hauteur des grands idéaux des pèlerins chrétiens à plusieurs égards. Mais le dogme politiquement correct qui consiste à dépeindre les croisades comme des entreprises non provoquées et impérialistes contre une population musulmane paisible est historiquement faux et procède plutôt d’une aversion pour la civilisation occidentale que d’une recherche historique sincère.

Le pape Urbain n’a jamais considéré les croisades comme une occasion de s’enrichir. Il décréta que les terres reprises aux Musulmans seraient rendues à Alexis Comnène et à l’Empire Byzantin. Le pape voyait dans les croisades un sacrifice et non une opération profitable.[28]

En fait, la participation à une croisade était une aventure ruineuse. Les croisés vendaient leurs biens pour financer ce long voyage jusqu’en Terre Sainte, tout en sachant qu’ils n’en reviendraient peut-être pas.

Pour prendre un exemple typique de croisé, Godefroi de Bouillon, duc de Basse-Lorraine, l’un des plus importants seigneurs européens qui prirent la Croix (comme on désignait alors le fait de se joindre à la croisade), vendit plusieurs de ses propriétés pour financer son voyage. Mais il avait la ferme intention de revenir dans ses terres plutôt que de s’installer au Moyen-Orient, puisqu’il ne céda ni son titre, ni la totalité de ses biens.[29]

De récentes études de documents des croisés révèlent que la grande majorité d’entre eux n’étaient pas des « cadets » cherchant fortune au Moyen-Orient. La plupart, à l’image de Godefroi, étaient des seigneurs régnant sur leur propre domaine, des hommes qui avaient tout à perdre.[30] Incontestablement, certains croisés s’enrichirent après la première croisade. Foucher de Chartres écrit : « Ceux qui étaient pauvres là-bas, ici Dieu les a rendus riches. Ceux qui n’avaient là-bas que quelques pièces possèdent ici force besants ; et ceux qui n’avaient pas même un toit, ici, par la grâce de Dieu, possèdent toute une cité. »[31] Mais la plupart de ceux qui revinrent en Europe n’y ramenèrent aucun bien matériel pour prix de leurs efforts.

Mythe PC : Les croisades furent lancées pour convertir de force les Musulmans au Christianisme

À entendre certains aficionados de la rectitude politique, les croisés envahirent le Moyen-Orient l’épée à la main et pourfendirent tous les « infidèles » qu’ils rencontrèrent, à l’exception de ceux qu’ils forcèrent à se convertir au christianisme. Mais cette version criarde des faits n’est qu’une fiction servant des objectifs politiques. Aucune des transcriptions des discours du pape Urbain au concile de Clermont ne mentionne quelque injonction que ce soit à convertir les Musulmans. La seule préoccupation du pape était de défendre les pèlerins chrétiens et de reprendre les terres chrétiennes. Ce n’est que plus d’un siècle après la première croisade que des Chrétiens européens tentèrent de convertir les Musulmans au christianisme de manière concertée, lorsque les Franciscains commencèrent à faire œuvre de missionnaires parmi les Musulmans vivant sur des terres en mains chrétiennes. Cet effort demeura cependant très infructueux.

Là où les croisés furent victorieux et établirent des royaumes et des principautés au Moyen-Orient, ils laissèrent généralement les Musulmans de leurs domaines vivre en paix, pratiquer leur religion, bâtir des mosquées et des écoles, et maintenir leurs propres tribunaux religieux. Certains ont comparé leur statut à celui réservé aux dhimmis vivant en terre d’Islam, qui conservaient une certaine autonomie mais étaient soumis à de lourds impôts et à d’autres restrictions. Il est probable que les croisés adoptèrent certaines des lois relatives à la dhimmitude déjà en place, mais jamais ils ne soumirent les Juifs ou les Musulmans à des codes vestimentaires. Juifs et Musulmans n’eurent ainsi pas subir de discriminations et de harcèlements quotidiens,[32] comme c’était la règle sous l’administration musulmane. La différence fondamentale réside dans le fait que la dhimma ne fit jamais partie des lois et doctrines chrétiennes, alors quelle fait partie intégrante de l’Islam.

En outre, le Musulman espagnol Ibn Jubayr (1145-1217), qui traversa la Méditerranée au début des années 1180 pour se rendre à La Mecque, découvrit que les Musulmans placés sous domination chrétienne vivaient mieux que dans les territoires islamiques, à tel point que les Musulmans eux-mêmes préféraient vivre sur les terres des croisés :

« Au départ de Tibnin (près de Tyr), nous traversâmes un écheveau continu de fermes et villages situés sur des terres bien cultivées. Tous les habitants étaient musulmans, mais ils vivaient à l’aise avec les Franj [Francs, ou croisés] – que Dieu les préservent de la tentation ! Ils possèdent leurs habitations et leurs biens sont respectés. Toutes les régions contrôlées par les Franj en Syrie sont soumises à ce système : propriétés foncières, villages et fermes sont restés aux mains des Musulmans. Maintenant, le doute s’empare du cœur de beaucoup de ces hommes quand ils comparent leur condition à celle de leurs frères vivant en territoire musulman. En effet, ces derniers doivent subir l’injustice de leurs coreligionnaires, alors que les Franj agissent avec équité. »[33]

Autant pour la controverse selon laquelle les croisés ne furent que des barbares qui s’attaquèrent à une civilisation largement supérieure.

* * *

1. Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, Lattès, 1986
2. John Esposito, Islam: The Straight Path, troisième édition, Oxford: Oxford University Press, 1998, 58.
3. Bukhari, vol. 4, livre 56, no 2941.
4. Esposito, op. cité, 58.
5. Cité par Bat Ye’or, Les chrétientés d’orient entre jihad et dhimmitude (VIIe – XXe siècle), Éd. Le Cerf , 1991
7. Moshe Gil, A History of Palestine, 634-1099, Cambridge: Cambridge University Press, 1992, 473-76. À son crédit, on peut signaler que le calife al-Muqtadir fit reconstruire les églises démolies lors des persécutions de 923.
8. Steven Runciman, Histoire des croisades, Éd. Dagorno, 1998
9. Carole Hillenbrand, The Crusades: Islamic Perspectives, Oxford: Routledge, 2000, 101.
10. S. Runciman, op. cité.
11. M. Gil, op. cité, 376.
12. S. Runciman, op. cité ; Hillenbrand, op. cité, 16-17; Jonathan Riley-Smith, Les Croisades, Pygmalion, 1999
13. Bernard Lewis, Les Assassins, Éd. Complexe, 2001
14. S. Runciman, op. cité.
15. Ibid., 49.
16. M. Gil, op. cité, 412.
17. Version de Foucher de Chartres. Traduction prise dans Duc de Castrie, La conquête de la Terre sainte par les croisés, Paris, Albin, 1973, pp. 209-210. http://www.callisto.si.usherb.ca/~croisade/Clermont.htm
26. Version de Robert le Moine. Traduction prélevée dans Duc de Castries, La conquête de la Terre sainte par les croisés, Paris, Albin Michel, 1973, pp. 195-199., http://www.callisto.si.usherb.ca/~croisade/Clermont.htm
27. Ibid.
28. Ibid.
29. Thomas Madden, Croisades, Sélection du Reader’s Digest, 2005
30. Ibid.
31. Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana
32. Jonathan Riley-Smith, The Oxford Illustrated History of the Crusades, Oxford: Oxford University Press, 1995, 116.
33. Maalouf, op. cité

Article original de Robert Spencer, traduit par le site http://www.gpii.precaution.ch/

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Et si les Croisades n’avaient jamais eu lieu?

Et si les Croisades n’avaient jamais eu lieu?

Si les croisades n’avaient jamais eu lieu, dans quel genre de monde vivrions-nous aujourd’hui ? La paix, la compréhension et la bonne volonté règneraient-elles entre Chrétiens et Musulmans ? Le monde islamique serait-il exempt de la suspicion, voire de la pure paranoïa chronique avec laquelle il regarde si souvent ce qui vient de l’Occident ? Après tout, selon Amin Maalouf, « l’on ne peut douter que la cassure entre ces deux mondes date des croisades, ressenties par les Arabes, aujourd’hui encore, comme un viol. » [1]

Ou bien le monde serait-il différent d’une autre manière, plus inattendue ? Le nom de « Mosquée Saint-Pierre de Rome » vous donne-t-il un indice ?

Mythe P.C.: les croisades n’ont servi à rien

En considérant la poursuite ininterrompue du jihad par les Musulmans jusqu’au coeur de l’Europe, l’incapacité des croisés à implanter des états stables ou à maintenir une présence en Terre Sainte et l’hostilité que les croisades ont indubitablement semée non seulement entre Chrétiens et Musulmans, mais aussi entre Chrétiens d’Orient et d’Occident, la plupart des historiens ont conclu que les croisades avaient échoué.

La croix des "croisés"

Après tout, leur objectif avait été de protéger les pèlerins chrétiens en Terre Sainte. C’est la raison pour laquelle les états d’Outre-Mer furent établis. Mais après la deuxième croisade, ces états se retrouvèrent très amoindris, et leur situation alla en s’aggravant ; après 1291, on n’en trouve plus trace. Et les croisés n’empêchèrent pas non plus que les guerriers musulmans passent en Europe.

Cependant, on peut noter que le niveau de l’impulsion islamique en Europe a diminué de manière significative pendant l’ère des croisades. Les conquêtes de l’Espagne, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, le premier siège de Constantinople, tous ces faits sont antérieurs à la première croisade. Les batailles de Kosovo Polje et de Varna, qui annoncèrent le retour de l’expansionnisme islamique en Europe de l’Est, ont eu lieu après l’effondrement des derniers domaines croisés au Moyen-Orient.

Qu’accomplirent les croisades ? Grâce à elles, l’Europe gagna du temps et ce délai a peut-être fait la différence, en lui permettant de se relever et de recouvrer son éclat au lieu de disparaître et de connaître la dhimmitude. Si Godefroy de Bouillon, Richard Cœur de Lion et tant d’autres n’avaient pas risqué leur vie pour défendre l’honneur du Christ et de l’Église à des milliers de kilomètres de chez eux, les jihadistes auraient presque certainement déferlé sur l’Europe bien plus tôt. Non seulement les forces croisées les immobilisèrent à une période cruciale, les forçant à combattre pour la possession d’Antioche et Ascalon plutôt que de Varna et Vienne, mais en plus elles rassemblèrent des armées qui n’auraient pas existé sinon. L’appel du pape Urbain fédéra des hommes autour d’une cause ; si cette cause n’avait pas existé, ou si personne ne l’avait fait connaître à travers l’Europe, beaucoup de ces hommes n’auraient jamais été des soldats. Ils auraient été bien mal préparés pour repousser une invasion musulmane de leur patrie.

Les croisades ont en définitive été la raison pour laquelle la vision d’Edward Gibbon de « l’interprétation du Coran (…) enseignée dans les collèges d’Oxford » ne s’est jamais accomplie.

Ce n’est pas négligeable. C’est de l’Europe chrétienne, après tout, quoique l’establishment PC soit peu enclin à le reconnaître, que sont venus la plupart des découvertes et progrès scientifiques, technologiques et philosophiques. Nous avons déjà examiné l’une des principales raisons pour lesquelles la science s’est développée dans le monde chrétien plutôt que dans le monde musulman : les Chrétiens croient en un univers logique et cohérent régi par un Dieu bienveillant ; les Musulmans croient en univers régi par un Dieu dont la volonté est si absolue que la logique et la cohérence en sont exclues.

Mais les implications de cette différence philosophique majeure ne pourraient avoir vu le jour sans la liberté. Cette liberté n’était disponible ni pour les Chrétiens ni pour les autres non-Musulmans ayant l’infortune de vivre sous le joug islamique. En fait, toutes les communautés qui au cours des siècles tombèrent sous la domination musulmane furent finalement réduites à l’état de minuscules minorités, sans caractère culturel propre – et ce quelles qu’aient été leur taille et l’éclat de leurs accomplissements antérieurs à la conquête musulmane. Bien sûr, peu de peuples conquis ont évité ce sort. Les seuls peuples qui échappèrent à la dhimmitude musulmane sont ceux qui surent résister au jihad islamique : les Chrétiens d’Europe et les Hindous d’Inde.

D’autres ne furent pas si chanceux.

Robert spencer, du site jihadwatch.org, est l'auteur de cet article, traduit de l'anglais

Cas d’école: les Zoroastriens

Aurait-ce vraiment été si terrible, si les Musulmans avaient conquis l’Europe ? Après tout, les Chrétiens auraient toujours pu y pratiquer leur religion. Ils auraient juste dû supporter un peu de discrimination, non ?

Bien qu’ « un peu de discrimination » soit tout ce que la plupart des apologistes veuillent bien reconnaître dans la dhimmitude, les effets à long terme de la dhimma furent bien plus funestes que cela pour les non-Musulmans. Des siècles après la conquête musulmane de l’Égypte, la grande majorité des gens y était toujours chrétiens, de rite copte. Et pourtant de nos jours les Coptes représentent à peine 10% de la population égyptienne.

Le récit est le même pour toute communauté non-musulmane qui soit entièrement passée sous domination islamique.

Les Zoroastriens, ou Parsis, sont les fidèles du prêtre et prophète perse Zoroastre, ou Zarathoustra (628—551 avant J.-C.). Avant l’arrivée de l’Islam, le Zoroastrisme (ou Mazdéisme) fut longtemps la religion officielle de la Perse (de nos jours, l’Iran), et fut même la religion dominante lorsque l’empire perse s’étendait de la mer Égée aux rives de l’Indus. On trouvait des Zoroastriens depuis la Perse jusqu’en Chine. Mais après la conquête islamique de la Perse, les Zoroastriens se virent assigner le statut de dhimmi et firent l’objet de cruelles persécutions, et souvent de conversions forcées. Beaucoup se réfugièrent en Inde pour échapper à l’emprise musulmane, pour s’y retrouver à nouveau la proie des jihadistes lorsque les Musulmans commencèrent à s’avancer en Inde.

Les souffrances endurées par les Zoroastriens sous la coupe de l’Islam ressemblent de façon saisissante à celles connues par les Juifs et les Chrétiens un peu plus à l’ouest, et elles perdurèrent à l’époque moderne (et jusqu’à ce jour même, sous la mollahcratie iranienne). En 1905, un missionnaire du nom de Napier Malcolm publia un livre dans lequel il relatait ses aventures parmi les Zoroastriens de la ville persane de Yazd.

Cérémonie religieuse chez les Zoroastriens

Jusqu’en 1895, aucun Parsi (Zoroastrien) n’était autorisé à porter un parapluie. Et encore du temps où j’étais à Yazd, ils ne pouvaient en utiliser en ville. Jusqu’en 1895 existait une forte interdiction quant aux monocles et aux lunettes; jusqu’en 1885, il leur était interdit de porter des bagues ; leurs ceintures devaient être faites de grosse toile, mais après 1885 toute étoffe blanche fut autorisée.Jusqu’en 1896 les Parsis avaient l’obligation d’entortiller leurs turbans plutôt que de les plier. Jusqu’en 1898, seuls le brun, le gris, et le jaune étaient admis pour leur qaba [manteau externe] ou leur arkhaluq [sous manteau] (vêtements de corps), mais par la suite toutes les couleurs leur furent permises à l’exception du bleu, du noir, du rouge vermillon et du vert. Il y avait également une interdiction sur les bas blancs, et jusqu’aux environs de 1880 les Parsis devaient porter un genre particulier de chaussures particulièrement affreuses, aux extrémités retroussées. Ils durent porter un chapeau déchiré jusqu’en 1885. Jusqu’en 1880, ils durent porter une sorte de culotte serrée et unie au lieu du pantalon. Jusqu’en 1891, les Zoroastriens ne pouvait que marcher s’ils étaient en ville, et même dans le désert ils devaient descendre de cheval s’ils venaient à rencontrer un Musulman de quelque rang que ce soit. Durant le temps où je fus à Yazd, ils furent autorisés à se déplacer à cheval dans le désert et à ne mettre pied à terre que s’ils rencontraient un Musulman de haut rang. Il y avait encore d’autres restrictions vestimentaires, trop nombreuses et trop futiles pour être mentionnées.

Et puis les maisons des Parsis et des Juifs, et leurs murs d’enceinte, devaient être construits si basses que le dessus puisse en être atteint par un Musulman tendant le bras ; cependant, ils pouvaient creuser et les bâtir au-dessous du niveau de la route. (…) Jusqu’aux environs de 1860, les Parsis ne pouvaient pas faire de commerce. Ils cachaient donc des marchandises dans leurs caves, et les vendaient en secret. Ils peuvent maintenant négocier dans les caravansérails et les hôtelleries, mais pas dans les bazars, et ils ne peuvent pas vendre d’étoffe en lin. Jusqu’en 1870, ils n’étaient pas autorisés à avoir d’école pour leurs enfants.

Le montant de la jizyah , ou taxe sur les infidèles, diffère selon la richesse de chaque Parsi, mais n’est jamais inférieur à deux toman [10.000 dinars]. Un toman vaut maintenant à peu près trois shillings et huit pence, mais cela représentait beaucoup plus par le passé. Même maintenant, alors que l’argent s’est beaucoup déprécié, cela représente 10 jours de salaire d’un ouvrier. La somme doit être payée sur le champ, lorsque le farrash [littéralement, un balayeur de tapis ; en réalité un domestique, oeuvrant principalement à l’extérieur] qui fait office de percepteur est rencontré. Le farrash a la liberté de faire ce qui lui plait lorsqu’il collecte la jizyah. L’homme (l’infidèle qui se voit imposé) n’est pas autorisé à rentrer chez lui pour chercher l’argent et peut être battu immédiatement jusqu’à ce qu’il paie. Vers 1865, un farrash qui collectait cet impôt attacha ensemble un homme et un chien, et donna des coups à l’un et l’autre à tour de rôle.

Vers 1891 un mujtahid attrapa sur une des places publiques de la ville un marchand zoroastrien qui portait des bas blancs. Il ordonna que l’homme soit battu et que ses bas lui soient enlevés. Vers 1860, un homme d’une septantaine d’années se rendit au bazar vêtu d’un pantalon de grosse toile blanche. Il fut tabassé, et renvoyé chez lui son pantalon sous le bras. Parfois, des Parsis furent forcés à rester debout sur une jambe dans la maison d’un mujtahid jusqu’à ce qu’ils consentent à payer une somme d’argent considérable. [2]

Que produit le fait d’être forcé à vivre de cette façon durant une longue période ? La réponse est dans les chiffres : Après presque 1.400 ans de vie en tant que dhimmis et d’observation de la vraie nature de la « tolérance islamique », les Zoroastriens constituent aujourd’hui moins de 2% de la population iranienne (et moins encore en Inde où ils se réfugièrent). D’Afghanistan, où le Zoroastrisme prospérait aussi par le passé, les Zoroastriens sont aujourd’hui virtuellement absent. Ce n’est pas une surprise : la conversion à l’Islam fut bien souvent la seule façon pour ces gens persécutés de pouvoir espérer vivre une vie décente.

représentation artistique de croisés

Si les croisés n’avaient pas retenu les Musulmans, et que les jihads islamiques étaient finalement venu à bout de la chrétienté, les Chrétiens d’Europe auraient-ils fini eux aussi par former une insignifiante minorité, comme leurs coreligionnaires du Moyen-Orient (où le Christianisme fut autrefois dominant) et comme les Zoroastriens ? Les accomplissements de la civilisation chrétienne européenne auraient-ils été eux aussi tenus pour billevesées, ainsi que les sociétés islamiques tendent à considérer la « période d’ignorance préislamique » de leur passé ?

Les concepts d’égalité de droits et de dignité pour tous les hommes, qui émergèrent du Christianisme et qui sont en conflit de plusieurs façons avec la loi islamique, seraient-ils connus de nos jours en Europe et en Amérique ?

Cas d’école: les Assyriens

Nous retrouvons plus ou moins la même histoire avec l’Église Assyrienne d’Orient. C’est l’ancienne Église d’Edesse, la ville qui devait devenir le centre du premier royaume latin établi par les croisés. Aux IVème et Vème siècles, les relations de cette église avec ses sœurs plus occidentales se firent de plus en plus tendues, jusqu’à ce qu’en 424 l’Église d’Orient déclare finalement lors d’un synode que son chef, le Catholicos de Séleucie-Ctésiphon (la capitale perse), ne reconnaissait plus l’autorité des Églises de Rome ou d’Antioche, et se considérait leur égal. Par la suite, les Assyriens adoptèrent quant à la nature du Christ les opinions de Nestor, patriarche de Constantinople destitué pour hérésie par le troisième concile œcuménique réuni à Ephèse en 431. Cela éloigna plus encore les Assyriens des Chrétiens byzantins et latins. Après 424 et pendant des siècles, les Assyriens n’eurent plus que peu ou pas de contact avec les grandes Églises de Constantinople et de Rome.

Durant ces siècles, les Assyriens s’avérèrent compter parmi les plus énergiques missionnaires que la Chrétienté ait jamais connus. À une certaine époque, l’Église Nestorienne étendait son influence depuis la Méditerranée jusqu’à l’Océan Pacifique. Des Chrétiens nestoriens pouvaient être trouvés partout en Asie centrale ainsi que dans l’Empire byzantin, et en particulier au Moyen-Orient et en Égypte. À leur apogée, les Assyriens entretenaient des évêchés métropolitains en Azerbaïdjan, en Syrie, à Jérusalem, à Pékin, au Tibet, en Inde, à Samarkand, à Edesse et en Arabie (à Sana, au Yémen actuel), ainsi que des églises d’Aden à Bombay et Shanghai. Le missionnaire nestorien Alopen alla prêcher l’évangile en Chine en 635 ; la première église chinoise fut terminée trois ans plus tard. Au VIIIème siècle, il se trouvait suffisamment de croyants nestoriens en Chine pour que plusieurs diocèses y soient constitués ; un empereur chinois appela le Christianisme « la doctrine lumineuse » et favorisa sa croissance.

Cependant, les nuages annonçant la tempête s’accumulaient à l’horizon. À la fin du VIIème siècle, le calife Muawiya II (683-684) recourut à la persécution et détruisit de nombreuses églises lorsque le Catholicos refusa de lui livrer de l’or. Les exactions continuèrent sous le calife Abd al-Malik (685-705). Le calife abbasside al-Mahdi (775-786) remarqua que les Assyriens avaient bâti de nouvelles églises depuis la conquête musulmane, en violation des lois de la dhimma, le « pacte de protection » ; il ordonna leur destruction. Cinq mille Chrétiens de Syrie se virent offrir le choix entre la conversion à l’Islam et la mort. Le successeur d’al-Mahdi, Haroun al-Rachid (786-809), fit détruire d’autres églises encore. Un demi-siècle plus tard, le calife al-Mutawakkil (847-861) entreprit la persécution systématique de l’Église. Des émeutiers et des foules avides de pillage prirent pour cible les Chrétiens de Bagdad et des environs à plusieurs reprises aux IXème et Xème siècles. Nombre des églises détruites et des Chrétiens pris pour victimes appartenaient au culte assyrien. À la même époque, en Chine, un nouvel empereur lança de si cruelles persécutions que des missionnaires nestoriens déclarèrent avoir trouvé une Église totalement anéantie lors d’une visite qu’ils y firent en 981. L’Église Assyrienne continua néanmoins d’attirer un grand nombre de convertis, entre autres parmi les Turcs, et maintint une présence en Chine. À la fin du XIIIème siècle, un Nestorien fut gouverneur de la province chinoise du Gansu.

Les Assyriens souffrirent à nouveau lorsque les Musulmans reprirent Antioche aux croisés en 1268. Beaucoup d’entre eux furent réduits en esclavage, et leurs églises furent démolies ; un évêque assyrien fut lapidé, et son corps exposé aux portes de la ville, en guise d’avertissement aux Chrétiens. Suite à d’autres attaques menées par les Arabes, les Kurdes et les Mongols durant les XIIème et XIIIème siècles, un nombre incalculable d’Assyriens furent tués ou asservis. Mais le pire fut le fait du chef mongol Tamerlan, qui, dévoué Musulman, mena de furieuses campagnes de jihad contre les Nestoriens et dévasta leurs villes et leurs églises. Ce fut une guerre totale contre les Chrétiens assyriens : Tamerlan leur offrit le choix entre la conversion à l’Islam, la dhimmitude, ou la mort. En 1400, les vastes domaines nestoriens n’étaient plus ; le Christianisme avait presque totalement disparu de Perse, d’Asie Centrale et de Chine. [3]

Après cela, pratiquement tous les Nestoriens vécurent comme dhimmis sous la férule musulmane. Et, comme celle des Zoroastriens, leur communauté s’étiola, finissant, sous le poids implacable de cette injustice institutionnalisée qu’est la dhimma, par ne plus constituer qu’un insignifiant vestige.

Si les Chrétiens d’Europe avaient subi le même sort, il est fort possible que le monde n’aurait jamais pu connaître les œuvres de Dante Alighieri, ou de Michel-Ange, ou de Léonard de Vinci, ou de Mozart, ou de Bach. Il est probable que ni un El Greco, ni un Giotto, ni un Olivier Messiaen n’auraient vu le jour. Une communauté qui doit dépenser toute son énergie juste pour survivre s’intéresse difficilement aux arts et à la musique.

Peut-être les croisades ont-elles en fait rendu possible le plein épanouissement de la civilisation européenne.

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[1] Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, conclusion de l’ouvrage (p. 304 dans l’édition de poche chez J’ai Lu )
[2] Napier Malcolm, «Five Years in a Persian Town» (New York: E. P. Dutton, 1905), 45-50. Cité par Andrew G. Bostom dans «The Islamization of Europe», FrontPageMagazine.com, 31 décembre 2004.
[3] E. A. Wallis Budge (traduction), «The Monks of Kublai Khan, Emperor of China», The Religious Tract Society, 1928.

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La vérité sur les croisades

Les Croisades: Mythe & Réalité

On entend souvent des propos de ce type : « Les croisés traversèrent l’Europe pour se rendre au Moyen-Orient. Une fois là-bas, ils pillèrent et assassinèrent les Musulmans et les Juifs, hommes, femmes et enfants sans distinction, et forcèrent les survivants à se convertir au christianisme. Ainsi ensanglantés, ils installèrent des proto-colonies européennes au Levant, qui devaient inspirer et établir un modèle pour des multitudes de colons à venir. Les croisades furent le théâtre des premières exterminations de masse, et constituent une souillure de l’histoire de l’Église catholique, de l’Europe et de la civilisation occidentale. L’horreur fut telle que le pape Jean-Paul II finit par demander pardon au monde musulman pour les croisades. » Y a-t-il du vrai là-dedans ?

Le guide politiquement incorrect de l'islam et des croisades par l'auteur américain Robert Spencer

Non. Pratiquement toutes les affirmations de ce paragraphe sont fausses, bien qu’étant régulièrement avancées par de nombreux « experts ».

Mythe PC: les croisés établirent des colonies européennes au Moyen-Orient

Faisant route vers l’Orient en réponse à l’appel du pape Urbain, les principaux chefs croisés rencontrèrent l’empereur byzantin Alexis Comnène. Celui-ci persuada chacun d’entre eux d’accepter, conformément aux souhaits d’Urbain II, de rendre à l’Empire byzantin tout territoire qu’ils conquerraient. Les croisés changèrent d’avis au sujet de cet arrangement après le siège d’Antioche en 1098. Alors que le siège s’était prolongé au-delà de l’hiver et que des armées musulmanes venues de Mossoul progressaient vers la ville, les croisés attendaient que l’empereur et ses troupes viennent leur prêter main forte. Mais l’empereur avait reçu des informations indiquant que la situation des croisés à Antioche était désespérée, et fit rebrousser chemin à son armée. Ce qui fut ressenti comme une trahison par les croisés et les rendit furieux. Après avoir pris Antioche et triomphé contre toute attente, ils renièrent leurs engagements envers Alexis et commencèrent à établir leurs propres gouvernements.

Il ne s’agissait cependant pas de structures coloniales. Les états latins du Levant n’auraient certainement pas été considérés comme des « colonies » par quiconque connaissant bien la Virginie, ou l’Australie, ou les Indes orientales néerlandaises des siècles suivants. D’une façon générale, une colonie est un territoire gouverné par une puissance lointaine. Mais les états croisés n’étaient pas gouvernés depuis l’Europe de l’ouest ; les gouvernements qui s’y formèrent n’avaient de comptes à rendre à aucune puissance occidentale. Et les dirigeants croisés ne détournèrent pas les richesses de leurs contrées pour les envoyer en Europe. Ils n’avaient d’arrangement économique avec aucun pays européen. Les croisés établirent leurs états dans le but d’assurer la protection permanente des Chrétiens en Terre Sainte.

En fait, de nombreux croisés cessèrent de se considérer comme Européens. Le chroniqueur Foucher de Chartres écrit:

Considérez, je vous prie, et méditez sur la manière dont Dieu, à notre époque, a transféré l’Occident en Orient. Car nous, qui étions occidentaux, sommes maintenant devenus orientaux. Celui qui était Romain ou Franc est devenu, sur cette terre, Galiléen ou Palestinien. Celui qui était de Reims ou de Chartres est désormais citoyen de Tyr ou d’Antioche. Nous avons déjà oublié nos lieux d’origine ; nombre d’entre nous les ignorent déjà, ou en tout cas n’en parlent plus. Certains possèdent ici des demeures et des serviteurs qu’ils ont reçus par héritage. Certains ont épousé une femme venant non pas de leur peuple, mais de celui des Syriens, ou des Arméniens, ou même de Sarrasins ayant reçu la grâce du baptême. Certains ont dans ces peuples des beaux-pères, ou des beaux-fils, ou des fils adoptifs, ou des pères adoptifs.Il y a ici, aussi, des petits-enfants et des arrière-petits-enfants. L’un cultive la vigne, l’autre les champs. Les expressions et les tournures les plus éloquentes de différentes langues se mêlent dans leur conversation. Des mots pris à chacune sont devenus le patrimoine commun à tous, et ceux qui ignorent leurs origines se trouvent unis dans une même foi. Comme il est dit dans les Écritures, « le lion et le bœuf mangeront de la paille ensemble ». Celui qui est né ailleurs est maintenant presque indigène ; et celui qui était de passage est maintenant un compatriote. [1]

L'auteur et blogger Robert Spencer (jihadwatch.org)

De plus, une autre caractéristique du colonialisme, à savoir l’immigration à grande échelle de population venant du pays d’origine, ne s’est pas réalisée : aucun flux de colons n’est venu d’Europe pour s’installer dans les états croisés.

Mythe PC: la prise de Jérusalem, évènement singulier dans l’histoire médiévale, causa la défiance des Musulmans envers l’Occident

Après un siège de cinq semaines, les croisés entrèrent dans Jérusalem le 15 juillet 1099. Le compte-rendu contemporain d’un Chrétien anonyme a gravé la scène dans la mémoire du monde :

À ce moment, l’un de nos chevaliers, du nom de Liétaud, escalada le mur de la ville. Bientôt, dès qu’il fut monté, tous les défenseurs de la ville s’enfuirent des murs à travers la cité et les nôtres les suivirent et les pourchassèrent en les tuant et les sabrant jusqu’au temple de Salomon, où il y eut un tel carnage que les nôtres marchaient dans leur sang jusqu’aux chevilles. […]L’émir qui commandait la Tour de David se rendit au comte [de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles] et lui ouvrit la porte à laquelle les pèlerins avaient coutume de payer tribut. Entrés dans la ville, nos pèlerins poursuivaient et massacraient les Sarrasins jusqu’au temple de Salomon, où ils s’étaient rassemblés et où ils livrèrent aux nôtres le plus furieux combat pendant toute la journée, au point que le temple tout entier ruisselait de leur sang. Enfin, après avoir enfoncé les païens, les nôtres saisirent dans le temple un grand nombre d’hommes et de femmes, et ils tuèrent ou laissèrent vivant qui bon leur semblait. Au-dessus du temple de Salomon s’était réfugié un groupe nombreux de païens des deux sexes, auxquels Tancrède et Gaston de Béarn avaient donné leurs bannières [pour les protéger]. Les croisés coururent bientôt par toute la ville, raflant l’or, l’argent, les chevaux, les mulets et pillant les maisons, qui regorgeaient de richesses. Puis, tout heureux et pleurant de joie, les nôtres allèrent adorer le Sépulcre de notre Sauveur Jésus et s’acquittèrent de leur dette envers lui.[2]

Lire un compte rendu enthousiaste d’un massacre si gratuit heurte nos sensibilités modernes ; telle est la différence existant entre les attitudes et les principes d’antan et d’aujourd’hui. De façon similaire, trois des principaux chefs de la croisade, Daimbert, archevêque de Pise, Godefroi, duc de Bouillon, et Raymond, comte de Toulouse, se vantent des exploits accomplis par les croisés à Jérusalem dans une lettre adressée au pape Pascal II en septembre 1099 : « Si vous désirez savoir quel sort fut réservé aux Infidèles qui s’y trouvaient, sachez que, dans le portique et le temple de Salomon, les cavaliers s’avançaient dans le sang des Sarrasins qui s’élevait jusqu’aux genoux de leurs chevaux. » [3] Fait significatif : Godefroi lui-même, l’un des chefs de croisade les plus respectés, ne prit pas part à cette boucherie ; peut-être était-il plus conscient que les simples soldats de ce que ce comportement trahissait les principes des croisés.

Baudri, évêque de Dol et auteur d’une Histoire de Jérusalem au début du XIIème siècle, rapporte que les croisés tuèrent entre vingt et trente mille personnes dans la ville. [4] C’est probablement une exagération, mais les sources musulmanes citent des chiffres encore plus élevés. Bien que les plus anciennes d’entre elles ne donnent pas de décompte, Ibn al-Jawzi, écrivant une centaine d’années après les faits, dit que les croisés « tuèrent plus de septante mille Musulmans » dans la mosquée d’al-Aqsa. Ibn al-Athîr, un contemporain de Saladin, le chef musulman qui remporta d’impressionnantes victoires contre les croisés à la fin du XIIème siècle, donne les mêmes chiffres. [5] Mais l’historien du XVème siècle Ibn Taghribirdi consigne cent mille victimes. L’ampleur de ce massacre a crû au cours des siècles, au point que l’ancien président des États-Unis Bill Clinton raconta en novembre 2001 à Georgetown, dans une université catholique de premier plan, que les croisés ne se contentèrent pas de tuer tout soldat ou tout homme musulman, mais aussi « toutes les femmes et tous les enfants de religion musulmane trouvés sur le mont du Temple » jusqu’à ce que le sang ruisselle non pas jusqu’à leurs chevilles, comme rapporté par l’anonyme chroniqueur chrétien, mais « jusqu’aux genoux », reprenant les mots de Daimbert, Godefroi et Raymond. [6]

Cette atrocité, cet outrage, fut – on nous l’a dit et répété – le « point de départ d’une hostilité millénaire entre l’Islam et l’Occident ». [7] Il serait peut-être plus exact de dire que ce fut le point de départ d’un millénaire de diffusion de revendications anti-occidentales et de propagande. Le sac de Jérusalem par les croisés fut un crime odieux – particulièrement si on l’examine à la lumière des principes moraux et religieux qu’ils proclamaient soutenir. Cependant, selon les usages militaires de l’époque, il ne fut pas extraordinaire. En ces temps-là, c’était un principe de guerre couramment accepté que si une ville assiégée résistait à la capture, elle pouvait être mise à sac, et que si elle se rendait, on pouvait user de pitié. Quelques récits relatent que les croisés promirent aux habitants de Jérusalem qu’ils seraient épargnés, puis qu’ils revinrent sur leur promesse. D’autres nous disent qu’ils permirent à nombre de Juifs et de Musulmans de quitter la ville en sécurité. Le comte Raymond de Toulouse donna personnellement son sauf-conduit au gouverneur fatimide de Jérusalem, Iftikhar ad-Dawla. [8] Dans l’esprit d’un croisé, quand de telles garanties ont été données [à ceux qui se sont rendus], ceux qui restent dans la ville sont d’autant plus susceptibles d’être identifiés avec la résistance – et de le payer de leur vie. [9]

Et qu’en est-il de ces flots de sang arrivant aux chevilles ou au genoux ? Ce sont des effets de rhétorique. Et c’est ce que tout le monde aura compris à l’époque où les chroniqueurs chrétiens et les chefs de la croisade louaient l’exploit. En fait, de tels flots ne sont même pas physiquement possibles. La population de Jérusalem tout entière n’aurait pu saigner autant, même en admettant qu’elle ait été remplie de réfugiés des régions environnantes. Le fait que le pillage de Jérusalem ne sorte pas vraiment de l’ordinaire explique probablement le laconisme des premiers récits musulmans concernant cet épisode. Vers 1160, deux chroniqueurs syriens, al-‘Azimi et Ibn al-Qalanissi, décrivirent l’évènement chacun de leur côté. Aucun n’offre d’estimation du nombre de victimes. Al-‘Azimi dit seulement que les croisés « se tournèrent vers Jérusalem et l’enlevèrent des mains des Égyptiens. Godefroi la prit. Ils brûlèrent l’église des Juifs. » Ibn al-Qalanissi ajoute quelques détails : « Les Francs donnèrent l’assaut à la ville et en prirent possession. Un certain nombre des citadins se réfugièrent dans le sanctuaire et bien des gens furent tués. Les Juifs se rassemblèrent dans leur synagogue, et les Francs les y brûlèrent vifs. Le sanctuaire, assuré de se voir en sécurité, se rendit à eux le 22 chaaban [14 juillet], et ils détruisirent les lieux saints et le tombeau d’Abraham ». [10] Ce n’est que plus tard que les écrivains musulmans réalisèrent la valeur de propagande que pouvait revêtir le fait de souligner (et de gonfler) le nombre des morts.

Quoi qu’il en soit, il est bien attesté que les armées musulmanes se sont souvent comportées exactement de la même façon en pénétrant dans une ville conquise. Ce n’est pas pour excuser la conduite des croisés en montrant des incidents similaires et en suggérant que « tout le monde le faisait », comme les apologistes islamiques le font fréquemment lorsqu’ils sont confrontés aux réalités du terrorisme jihadiste moderne. Une atrocité n’en excuse aucune autre. Mais cela montre que le comportement des croisés à Jérusalem fut comparable à celui d’autres armées de la même époque – puisque tous souscrivaient aux mêmes règles de siège et de résistance.

Ainsi, en 1148, le commandant musulman Nur ed-Din n’hésita pas à donner l’ordre de tuer tout Chrétien à Alep. En 1268, lorsque les forces jihadistes du sultan mamelouk Baybars prirent Antioche aux croisés, Baybars fut ennuyé de découvrir que le dirigeant latin, le comte Bohémond IV, avait déjà quitté la cité. Il lui écrivit pour s’assurer qu’il ait connaissance de ce que ses troupes avaient commis à Antioche :

Que n’as-tu vu tes chevaliers prosternés sous les sabots des chevaux, tes demeures subir l’assaut des pillards et saccagées par eux, tes richesses pesées au quintal, tes dames vendues par quatre et achetées pour un dinar de ton propre argent ! Tu aurais vu les croix de vos églises brisées, les pages des faux Testaments éparpillées, les tombeaux des patriarches retournés. Tu aurais vu ton ennemi musulman piétiner l’endroit où vous célébrez la messe, couper la gorge des moines, des prêtres et des diacres sur les autels, amener une mort brutale aux patriarches et l’esclavage aux princes royaux. Tu aurais vu le feu parcourir tes palais, tes morts brûler en ce monde avant de tomber dans les feux du suivant, ton palais rendu méconnaissable, l’église Saint-Paul et la cathédrale Saint-Pierre démolies et détruites ; alors tu aurais dit, « Que ne suis-je poussière, et qu’aucune lettre ne m’ait jamais amené de telles nouvelles! » [11]

La plus célèbre de toutes est peut-être la prise de Constantinople par les jihadistes le 29 mai 1453, lorsque – tout comme les croisés en 1099 à Jérusalem – les attaquants vinrent à bout de la résistance au terme d’un siège prolongé. Ici coulent à nouveau des rivières de sang, comme le note l’historien Steven Runciman. Les soldats musulmans « tuèrent toute personne qu’ils trouvèrent dans les rues, hommes, femmes, enfants, sans discrimination. Le sang ruisselait depuis les rues escarpées des hauteurs de Petra jusqu’à la Corne d’Or. Mais bientôt le désir de massacre fut assouvi. Les soldats réalisèrent que des captifs et des objets précieux leur apporteraient un plus grand bénéfice ». [12]

La prise de Constantinople en 1453

Comme les croisés, qui violèrent les sanctuaires à la fois de la synagogue et de la mosquée, les Musulmans saccagèrent couvents et monastères, les vidant de leurs habitants, et pillèrent les résidences des particuliers. Ils pénétrèrent dans Sainte-Sophie, qui pendant près de mille ans avait été la plus majestueuse des églises de la Chrétienté. Les fidèles s’étaient rassemblés dans ses murs bénis pour prier durant les ultimes souffrances de la ville. Les Musulmans interrompirent la célébration de l’orthros (matînes), et les prêtres, selon la légende, emportèrent la vaisselle sacrée et disparurent dans la muraille orientale de la cathédrale, par laquelle ils reviendront un jour achever le service divin. Les plus âgés et les plus faibles furent mis à mort, les autres réduits en esclavage.

Lorsque le massacre et le pillage furent terminés, le sultan ottoman Mehmet II ordonna à un clerc islamique de monter en chaire à Sainte-Sophie et d’y proclamer le credo musulman (« il n’y a de dieu qu’Allah, et Mahomet est son prophète »). La magnifique vieille église devint mosquée ; des centaines d’autres, à Constantinople et ailleurs, subirent le même sort. Des millions de Chrétiens rejoignirent les misérables rangs des dhimmis ; d’autres furent asservis, et un grand nombre martyrisés.

Mythe PC: Le chef musulman Saladin était plus clément et magnanime que les croisés

L’une des plus célèbres figures des croisades est le guerrier musulman Saladin, qui rassembla une grande partie du monde islamique derrière lui et infligea de lourds revers aux croisés. À notre époque, Saladin est devenu le prototype du guerrier musulman tolérant et magnanime, la « preuve » historique de la noblesse de l’Islam et même de sa supériorité sur le mauvais Christianisme, occidental et colonialiste. Dans « Les Croisades vues par les Arabes », Amin Maalouf présente les croisés comme à peine plus que des sauvages, qui se gorgent même de la chair de leurs victimes. Mais Saladin ! « Il était toujours affable avec ses visiteurs, insistant pour les retenir à manger, les traitant avec tous les honneurs, même s’ils étaient des infidèles, et satisfaisant à toutes leurs demandes. Il ne pouvait accepter que quelqu’un vienne à lui et reparte déçu, et certains n’hésitaient pas à en profiter. Un jour, au cours d’une trêve avec les Franj [les Francs], le ‹ brins ›, seigneur d’Antioche, arriva à l’improviste devant la tente de Salaheddin et lui demanda de lui rendre une région que le sultan lui avait prise quatre ans plus tôt. Il la lui donna ! » [13] L’adorable nigaud ! Si on la lui avait demandée gentiment, il aurait peut-être donné la Terre Sainte toute entière !

En un sens, c’est vrai : Saladin se mit en campagne contre Jérusalem en 1187 parce que des croisés commandés par Renaud de Châtillon, ayant peut-être médité sur l’exemple du prophète Mahomet, s’étaient eux aussi mis à piller des caravanes, mais des caravanes musulmanes dans le cas présent. Les dirigeants chrétiens de Jérusalem ordonnèrent à Renaud de cesser, parce qu’ils savaient que ses agissements mettaient en danger la survie même du royaume. Mais il continua ; à la fin, Saladin, qui cherchait un prétexte pour entrer en guerre avec les Chrétiens, trouva motif à agir dans les incursions de Renaud. [14]

On fait grand cas de ce que Saladin traita les Chrétiens de Jérusalem avec magnanimité lorsqu’il reprit la ville en Octobre 1187 – en net contraste avec le comportement des croisés en 1099. Cependant, le vrai Saladin ne fut pas le proto-multiculturaliste, sorte de Nelson Mandela avant la lettre, qu’on fait de lui aujourd’hui. Lorsque ses troupes défirent les croisés de manière décisive à Hattin le 4 juillet 1187, il décréta l’exécution en masse de ses adversaires chrétiens. Selon son secrétaire, Imad ed-Din, Saladin « ordonna qu’ils soient décapités [conformément au verset coranique 47:4, « Lorsque vous rencontrez les incrédules, frappez-les à la nuque (…) »], choisissant de les voir morts plutôt qu’emprisonnés. Un cortège d’érudits islamiques et de soufis et un certain nombre d’hommes dévots et ascétiques l’accompagnaient ; chacun d’entre eux sollicitait d’être autorisé à participer à l’exécution, et tirait son sabre, et remontait ses manches. Saladin, le visage gai, siégeait sur son estrade ; les infidèles affichaient un noir désespoir ». [15]

En outre, quand Saladin et ses hommes entrèrent dans Jérusalem peu de temps après, leur magnanimité n’était guère que du pragmatisme. Il avait initialement prévu de mettre à mort tous les Chrétiens de la cité. Toutefois, il céda devant les avertissements du commandant chrétien de Jérusalem, Balian d’Ibelin, qui menaçait de détruire la ville et d’y tuer tous les Musulmans avant que Saladin n’y pénètre. Une fois dans la place, il réduisit néanmoins en esclavage nombre de Chrétiens qui n’avaient pas les moyens d’acheter leur sortie. [16]

Mythe PC : les Croisades furent lancées non seulement contre les Musulmans, mais aussi contre les Juifs

Il est malheureusement vrai que les croisés prirent les Juifs pour cible en plusieurs occasions. Certains groupes de croisés se sont crus autorisés à se détourner de la mission qui leur avait été assignée par le pape Urbain. Lors de la première croisade, excités par des prédicateurs antisémites, un contingent d’hommes qui faisaient route vers l’Orient se mirent à terroriser et à massacrer les Juifs d’Europe. Le comte Emich de Leiningen et ses troupes parcoururent la Rhénanie, tuant et pillant les communautés juives de cinq villes : Spire, Worms, Mayence, Trèves et Cologne. Certains évêques locaux tentèrent d’éviter ces massacres, et le comte Emich et sa suite trouvèrent finalement la mort en tentant d’étendre leur pogrom en Hongrie. Toutefois, le mal était fait ; les échos de ces « exploits » parvinrent au Moyen-Orient et décidèrent nombre de Juifs à s’allier avec les Musulmans et à combattre les croisés. Cinquante ans après, d’autres hommes, liés à la seconde croisade, reprirent le massacre de Juifs en Rhénanie.

Tout ceci est inexcusable, et constitue de plus une énorme erreur de jugement.

Il aurait été beaucoup plus sage de la part des croisés de voir dans les Juifs, confrères dhimmis, des alliés naturels dans la résistance au jihad islamique. Les Musulmans traitaient Juifs et Chrétiens à peu près de la même manière : mal. Il est dommage qu’aucun des deux groupes ne vit jamais en l’autre un compagnon d’infortune de la dhimmitude et un associé potentiel dans la lutte contre l’oppression. Cependant, même de nos jours, huit cents ans après la dernière croisade, ce genre de raisonnement reste rare, et il est donc peut-être injuste de l’attendre de la part des croisés.

De toute façon, peut-on dire que le mauvais traitement des Juifs a constitué un trait caractéristique des croisades en général ? Pas selon les sources historiques. L’appel à la première croisade d’Urbain II lors du concile de Clermont ne dit pas un mot des Juifs, et le clergé fut le principal adversaire d’Emich de Leiningen. En fait, le pape Urbain lui-même condamna les attaques du comte. Bernard de Clairvaux, l’un des principaux planificateurs de la deuxième croisade, se rendit en Rhénanie et mit fin lui-même aux persécutions dont étaient victimes les Juifs, déclarant : « Les Juifs ne doivent point être persécutés, ni mis à mort, ni même bannis. Interrogez ceux qui connaissent la divine Écriture. Que lit-on de prophétisé dans le Psaume, au sujet des Juifs ? Dieu, dit l’Église, m’a donné une leçon au sujet de mes ennemis : ‹ ne les tuez pas, de crainte que mes peuples ne m’oublient.› » [17] Les papes et les évêques appelèrent à maintes reprises à ce que l’on cesse de maltraiter les Juifs.

Même après le carnage et le massacre des Juifs lors de la prise de Jérusalem, durant la période d’existence des états latins d’Outre-mer, les Juifs préférèrent en général vivre dans les zones contrôlées par les Francs, et ce en dépit de l’indéniable hostilité que les Chrétiens d’Europe manifestaient à leur égard. [18] Ils savaient que le sort qui les attendait dans les territoires musulmans était pire encore.

Mythe PC : Les croisades furent plus sanglantes que les campagnes de jihads islamiques.

Les croisés commirent un massacre à Jérusalem; Saladin et ses troupes non. C’est devenu emblématique de ce que la culture populaire sait des croisades: oui, les Musulmans conquéraient, mais les habitants des pays vaincus leur faisaient bon accueil. Ils étaient justes et magnanimes envers les minorités religieuses de leurs territoires. Par contre, les croisés étaient sanguinaires, rapaces, et impitoyables.

Nous avons montré que ce que la culture populaire dit sur ce sujet était complètement erroné. Saladin ne s’abstint de massacrer les habitants de Jérusalem que par pragmatisme, et les conquérants musulmans ont aisément égalé et surpassé la cruauté des croisés à Jérusalem en plusieurs occasions. Les conquérants musulmans n’étaient pas les bienvenus, mais se voyaient opposer une résistance tenace, et y répondaient avec une extrême brutalité. Une fois au pouvoir, ils instauraient de dures mesures répressives contre les minorités religieuses.

Le pape a-t-il demandé pardon pour les croisades?

« Très bien », pourriez-vous dire, « mais en dépit de tout que vous racontez, les croisades restent une tache sur la réputation de la civilisation occidentale. Après tout, même le pape Jean Paul II a présenté des excuses à leur sujet. Pourquoi aurait-il fait cela si elles n’étaient pas considérées aujourd’hui comme des actions réprimandables ? »

L’idée que le pape Jean Paul II ait demandé pardon pour les croisades est en effet très répandue. À sa mort, le Washington Post rappela à ses lecteurs que « durant son long pontificat, Jean Paul II présenta ses excuses aux Musulmans pour les croisades, aux Juifs pour l’antisémitisme, aux Orthodoxes pour le sac de Constantinople, aux Italiens pour les liens du Vatican avec la Mafia et à la communauté scientifique pour la persécution de Galilée. » [19]

Vaste liste, mais Jean Paul II ne demanda jamais pardon pour les croisades. La chose qui s’en rapproche le plus que l’on puisse trouver est cet extrait de son homélie du 12 mars 2000, « journée du Pardon » : « nous ne pouvons manquer de reconnaître les infidélités à l’Évangile qu’ont commises certains de nos frères, en particulier au cours du second millénaire. Demandons pardon pour les divisions qui sont intervenues parmi les chrétiens, pour la violence à laquelle certains d’entre d’eux ont eu recours dans le service à la vérité, et pour les attitudes de méfiance et d’hostilité adoptées parfois à l’égard des fidèles des autres religions. » [20] On ne peut pas dire que cela constitue des excuses explicites pour les croisades. Quoiqu’il en soit, au vu de la véritable histoire des croisades, de telles excuses ne se justifient pas.

Les croisés ne méritent pas la condamnation du monde, mais plutôt – comme nous allons le voir – sa gratitude.

______________
[1] Foucher de Chartres, « Historia Hierosolymitana », Livre III chapitre 37, dans « Recueil des historiens des croisades, historiens occidentaux », p. 468.
[2] « Histoire anonyme de la première croisade », éditée et traduite par Louis Bréhier, Paris, Éditions “Les Belles Lettres”, 1964 (1924), pp. 195-207.
[3] « Inventaire des lettres historiques des croisades », Archives de l’Orient Latin, New York, AMS Press, 1978 (1881), pp. 201-204. Traduction prise dans J.F.A. Peyré, « Histoire de la Première Croisade », Paris, Aug. Durand, 1859, vol. 2, pp. 494-498.
[4] Moshe Gil, « A History of Palestine 634-1099 », Cambridge University Press, 1992, p. 827.
[5] Francesco Gabrieli, « Chroniques arabes des Croisades», Actes Sud, 197x, p.xx. Aussi chez Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, chap. 3 (p. 69 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[6] Discours tenu par B. Clinton à l’Université de Harvard le 19 novembre 2001
[7] Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, prologue à l’ouvrage (p. 10 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[8] Jacques Heers, « La première croisade – Libérer Jérusalem 1095-1107 », éditions Perrin, collection Tempus, 1995, p. 225.
[9] Les croisés reniant leur promesse, voir Moshe Gil, « A History of Palestine 634-1099 », Cambridge University Press, 1992, p. 827. Les croisés laissant s’enfuir certains, voir Thomas F. Madden, « The New Concise History of the Crusades », Rowman & Littlefield, 2005, p. 34.
[10] Cité par C. Hillenbrand, « The Crusades: Islamic Perspectives », Oxford: Routledge, 2000, p. 64-65. Aussi en version écourtée chez Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, chap. 3 (p. 69 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[11] Francesco Gabrieli, « Chroniques arabes des Croisades », Actes Sud, 197x, p. 3xx. Aussi en version écourtée chez Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, chap. 14 (p. 285 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[12] Steven Runciman, « The Fall of Constantinople 1453 », Cambridge University Press, 1965, p. 145. Voir aussi Jacques Heers, « Chute et mort de Constantinople 1204-1453 », éditions Perrin, 2005, p. 254.
[13] Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, chap. 10 (p. 208 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[14] Thomas F. Madden, « The New Concise History of the Crusades », Rowman & Littlefield, 2005, p. 74.
[15] Thomas F. Madden, « The New Concise History of the Crusades », Rowman & Littlefield, 2005, p. 76.
[16] Thomas F. Madden, « The New Concise History of the Crusades », Rowman & Littlefield, 2005, p. 78.
[17] St Bernard de Clairvaux, « lettre 363 adressée au clergé d’Occident»,
[18] Jonathan Riley-Smith, « The Oxford Illustrated History of the Crusades », Oxford University Press, 1997, 116.
[19] Alan Cooperman, « For Victims, Strong Words Were Not Enough», Washington Post, 3 avril 2005.
[20] Pape Jean Paul II, « Messe pour la journée du Pardon de l’année sainte 2000 », 12 mars 2000

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Bloguer le Coran : Sourate 2 "la Vache" , versets 1 à 39-vidéo

Robert Spencer, du site Jihadwatch.org

La Sourate 2, Al-Baqara (“La Vache”), comme presque chacun des chapitres du Coran, tient son titre de quelque chose dont il est question dans son contenu – en l’occurrence, l’histoire de Moïse communiquant le commandement de Allah aux Israëlites pour qu’ils sacrifient une vache. (2:67-73). C’est la sourate la plus longue du coran – 286 versets – et elle introduit le schéma général (mais non absolu) du coran qui consiste à aller du plus long au plus court chapitre, à l’exception de la Fatiha, qui occupe une position privilégiée en tant que première Sourate à cause de son caractère central dans l’Islam. La sourate Al-Baqara, “La Vache,” fut révélée à Mahomet à Médine – c’est à dire lors de la seconde partie de sa vie de prophète, qui débuta à La Mecque en 610. En 622 Mahomet et la première communauté Musulmane se déplacèrent à Médine où pour la première fois Mahomet devint un chef politique et militaire. Les théologiens islamiques considèrent généralement que les sourates de Médine prévalent sur les sourates de la Mecque partout où il y a un désaccord, selon le verset 106 de ce chapitre du Coran, dans lequel Allah parle d’abroger des versets et de les remplacer par de meilleurs. (Cette interprétation du verset 106, toutefois, n’est pas universellement acceptée. Certains disent qu’il ne s’agit pas de l’abrogation de versets du Coran, mais seulement des Ecritures juives et Chrétiennes. Nous traiterons cette question plus loin dans notre série.)

La Sourate 2 contient de nombreuses informations capitales pour les musulmans et ils ont une grande estime pour elle. Le commentateur coranique du Moyen-Age Ibn Kathir (dont le commentaire est encore lu et respecté par les musulmans aujourd’hui) explique que la récitation de cette sourate provoque la détresse de Satan, en racontant que l’un des premiers disciples de Mahomet, Ibn Mas’ud, remarqua que Satan “quitte la maison quand la sourate Al-Baqarah est récitée, et en partant, il a des gaz” .Sans le mauvais goût de Ibn Mas’ud, Muhammad himself dit: “Satan s’enfuit de la maison dans laquelle la sourate Baqara est récitée”

Le chapitre commence avec les trois lettres arabes : alif, lam, and mim. De nombreux chapitres du Coran commencent avec ces trois lettres de la même manière, ce qui a donné naissance à beaucoup de spéculations mystiques concernant leur signification réelle . Mais le Tafsir al-Jalalayn, un autre commentaire coranique classique, résument succintement le point de vue suivant : “ Dieu seul sait ce qu’il entend par ces lettres.”

Le verset qui suit immédiatement ces lettres contient une doctrine islamique clé: “ C’est l’Ecriture en conséquent il n’y a pas à en douter.” Le Coran ne doit pas être remis en question ou jugé par aucun critère externe, au contraire, c’est plutôt lui, le Coran, qui constitue le critère par lequel toutes autres choses vont être jugées. Ceci, bien sûr, n’est pas vraiment différent de la façon dont de nombreuses religions voient leurs écritures saintes. Mais il n’y a pas eu dans l’Islam ce changement dans la critique historique et textuelle qui a transformé la façon dont les juifs et les Chrétiens comprennent leurs écritures aujourd’hui. Le Coran est un livre qu’il ne faut jamais douter. Lorsqu’un théologien islamique, Suliman Bashear, enseigna à ses étudiants à An-Najah National University à Nablus que le Coran et l’Islam étaient le produit d’un développement au cours de l’histoire plutôt qu’un produit livré tout fait et parfait à Mahomet,ils l’ont jeté par la fenêtre de sa salle de classe.

2:1-29 est une dissertation prolongée sur la perversité de ceux qui rejettent la croyance en Allah, et touche à plusieurs thèmes qui seront par la suite récurrents. Le coran, nous dit-on, est le guide pour ceux qui croient en ce qui a été révélé en Mahomet et « en ce qui a été révélé avant lui » (v. 4). Cela implique l’assomption souvent affirmée que le Coran est la confirmation de la Torah et de l’Evangile, qui enseigne le même message que Mahomet reçoit dans les révélations coraniques (voir 5:44-48). Quand il s’est trouvé que la Torah et l’Evangile ne s’accordaient pas avec le Coran, alors on commença à accuser les Juifs et les Chrétiens d’avoir falsifié leurs écritures — ce qui fait l’unanimité dans la croyance islamique aujourd’hui . Muhammad Asad déclare avec assurance: “la religion du Coran peut être correctement comprise seulement avec en arrière-plan le fait que des grandes religions monothéistes l’ont précédée , lesquelles selon la croyance musulmane atteignent leur point culminant et achèvent leur formulation définitive dans la foi de l’Islam.”

Un autre thème abordé est le contrôle absolu d’Allah sur toutes choses, même le choix des âmes individuelles de croire en lui ou de le rejeter. “ Quand à ceux qui rejettent la Foi, c’est la même chose si tu les avertis ou non, ils ne croiront pas. Allah a déposé un sceau sur leurs cœurs et sur leur oreilles, et sur leurs yeux il y a un voile, grand est le châtiment qui les attend” (vv. 6-7). Les Qadaris de l’histoire islamique primitive nous disent que l’homme a son libre arbitre, et est par conséquent capable de choisir de faire le bien ou le mal. Leurs opposants insistèrent que Allah déterminait toute chose. Alors que les deux partis avaient d’abondantes citations coraniques pour soutenir leur argumentation, au bout du compte les autorités musulmanes condamnèrent le Qadarisme comme étant une hérésie, car il limitait l’absolue souveraineté d’Allah sur toutes choses. Par conséquent ceux qui rejettent la foi le font car c’est la volonté d’Allah, selon ces versets, et non parce qu’ils sont libres de choisir. Voici ce que dit Ibn Kathir: “Ces versets indiquent que quiconque Allah a condamné à vivre dans la misère ne trouvera jamais personne pour le guider vers le Bonheur, et que quiconque Allah mène à l’erreur, il ne trouvera jamais personne pour le guider. » (Une bonne analyse de la controverse des Qadari peut être trouvée chez le théologien islamique renommé Ignaz Goldziher dans son livre Introduction to Islamic Theology and Law.)

Ensuite viennent la condamnation des hypocrites et des faux croyants, qui fréquemment tourmentaient Mahomet tout au long de sa vie de prophète (vv. 13-20). Et finalement, il y a l’assertion du caractère sublime du Coran, à tel point que ceux qui doutent sont mis au défi de produire une sourate aussi belle si ils refusent d’en accepter la provenance divine (v. 23). C’est un défi que beaucoup ont relevé, mais bien sûr c’est le genre de défi qui ne peut jamais être satisfait aux yeux de ceux qui l’ont lancé –”Même si les hommes et les djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s’ils se soutenaient les un les autres”. ” (17:88).

2:25 nous présente les fameux jardins du Paradis, où les croyants vont résider — que nous verrons plus en détail plus loin.

2:30-39 nous raconte l’histoire d’ Adam et Eve, dans un style qui suggère que les auditeurs de la récitation sont déjà familiers avec cette histoire. Allah dit aux anges de se prosterner devant Adam (v. 34), un commandement qui semble dépendre du principe biblique selon lequel l’Homme a été créé à l’image de Dieu, même si cette idée n’apparait pas ici. Selon Ibn Kathir, “Allah a placé la vertu de Adam au dessus des anges, parce qu’il a enseigné à Adam, et non à eux, le nom de toutes choses. » Satan refusa de se prosterner, et par là-même devint un incroyant (v. 34), et il tenta Adam et Eve avec le fruit défendu. Allah promet des révélations pour guider l’humanité, les avertissant que ceux qui ne tiennent pas compte de ces révélations seront punis par le feu de l’Enfer.

La sourate ensuite aux versets 40-75 se tourne vers les Enfants d’Israël, qui jouent un rôle si important dans le Coran (et non pas dans la conscience islamique moderne, ce qui n’est pas une coïncidence) que nous leur consacrerons notre prochain billet.

Ici vous pouvez trouver le reste de la série en anglais. Ici un bonne version du Coran en Arabe, avec une traduction en anglais disponible, ici deux traditions musulmanes populaires en anglais, celles de Abdullah Yusuf Ali et de Mohammed Marmaduke Pickthall, avec une troisième de M. H. Shakir. Ici une autre traduction populaire en anglais, celle de Muhammad Asad. And ici un recueil de 10 traductions du Coran.)

Pour finir, pour les francophones, une version en ligne du Coran pour vérifier toutes ces références.

Texte original en anglais écrit par Robert Spencer, sur le site http://www.jihadwatch.org le 11 Juin 2007

Traduit en français et adapté pour le public francophone par Antoine Martin.( Aka avraidire.) pour le site http://www.avraidire.eu le 02 Mars 2010

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Blogging the Qu'ran in animated 3D:intro

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Bloguer le Coran en 3D: Sourate 2 "La Vache", versets 1-39

Bloguer le coran en 3D animation

Bloguer le Coran : Sourate 2 “la Vache”, versets 1-39

Sourate 2, Al-Baqara (“La Vache”), comme presque chacun des chapitres du Coran, tient son titre de quelque chose dont il est question dans son contenu – en l’occurrence, l’histoire de Moïse communiquant le commandement de Allah aux Israëlites pour qu’ils sacrifient une vache. (2:67-73). C’est la sourate la plus longue du coran – 286 versets –  et elle introduit le schéma général (mais non absolu) du coran qui  consiste à aller du plus long au plus court chapitre, à l’exception de la Fatiha, qui occupe une position privilégiée en tant que première Sourate à cause de son caractère central dans l’Islam. La sourate Al-Baqara, “La Vache,”  fut révélée à Mahomet à Médine – c’est  à dire lors de la seconde partie de sa vie de prophète, qui débuta à La Mecque en 610. En 622 Mahomet et la première communauté Musulmane se déplacèrent à Médine où pour la première fois Mahomet devint un chef politique et militaire. Les théologiens islamiques considèrent généralement que les sourates de Médine prévalent sur les sourates de la Mecque partout où il y  a un désaccord, selon le verset 106 de ce chapitre du Coran, dans lequel Allah parle d’abroger des versets et de les remplacer par de meilleurs. (Cette interprétation du verset 106, toutefois, n’est pas universellement acceptée. Certains disent qu’il ne s’agit pas de l’abrogation de versets du Coran, mais seulement des Ecritures juives et Chrétiennes. Nous traiterons cette question plus loin dans notre série.)

La Sourate 2 contient de nombreuses informations capitales pour les musulmans et ils ont une grande estime pour elle. Le commentateur coranique du Moyen-Age Ibn Kathir (dont le commentaire est encore lu et respecté par les musulmans aujourd’hui) explique que la récitation de cette sourate provoque la détresse de Satan, en racontant que l’un des premiers disciples de Mahomet, Ibn Mas’ud, remarqua que Satan “quitte la maison quand la sourate Al-Baqarah est  récitée, et en partant, il a des gaz” .Sans le mauvais goût de Ibn Mas’ud, Muhammad himself dit: “Satan s’enfuit de la maison dans laquelle la sourate  Baqara est récitée”

Le chapitre commence avec les trois lettres arabes : alif, lam, and mim. De nombreux chapitres du Coran commencent avec ces trois lettres de la même manière, ce qui a donné naissance à beaucoup de spéculations mystiques concernant leur signification réelle . Mais le Tafsir al-Jalalayn, un autre commentaire coranique classique, résument succintement le point de vue suivant : “ Dieu seul sait ce qu’il entend par ces lettres.”

Le verset qui suit immédiatement ces lettres contient une doctrine islamique clé: “ C’est l’Ecriture en conséquent il n’y a pas à en douter.” Le Coran ne doit pas être remis en question ou jugé par aucun critère externe, au contraire, c’est plutôt lui, le Coran, qui constitue le critère par lequel toutes autres choses vont être jugées. Ceci, bien sûr, n’est pas vraiment différent de la façon dont de nombreuses religions voient leurs écritures saintes. Mais il n’y a pas eu dans l’Islam ce changement dans la critique historique et textuelle qui a transformé la façon dont les juifs et les Chrétiens comprennent leurs écritures aujourd’hui. Le Coran est un livre qu’il ne faut jamais douter. Lorsqu’un théologien islamique, Suliman Bashear, enseigna à ses étudiants à  An-Najah National University à Nablus que le Coran et l’Islam étaient le produit d’un développement au cours de l’histoire plutôt qu’un produit livré tout fait et parfait à Mahomet,ils  l’ont jeté par la fenêtre de sa salle de classe.

2:1-29 est une dissertation prolongée sur la perversité de ceux qui rejettent la croyance en Allah, et touche à plusieurs thèmes qui seront par la suite récurrents. Le coran, nous dit-on, est le guide pour ceux qui croient en ce qui a été révélé en Mahomet et  « en ce qui a été révélé avant lui » (v. 4).  Cela implique l’assomption souvent affirmée que le Coran est la confirmation de la Torah et de l’Evangile, qui enseigne le même message que Mahomet reçoit dans les révélations coraniques (voir 5:44-48). Quand il s’est trouvé que la Torah et l’Evangile ne s’accordaient pas avec le Coran, alors on commença à accuser les Juifs et les Chrétiens d’avoir falsifié leurs écritures — ce qui fait l’unanimité dans la croyance islamique aujourd’hui . Muhammad Asad déclare avec assurance: “la  religion du Coran peut être correctement comprise seulement avec en arrière-plan le fait que des grandes religions monothéistes l’ont précédée , lesquelles selon la croyance musulmane atteignent leur point culminant et achèvent leur formulation définitive dans la foi de l’Islam.”

Un autre thème abordé est le contrôle absolu d’Allah sur toutes choses, même le choix des âmes individuelles de croire en lui ou de le rejeter. “ Quand à ceux qui rejettent la Foi, c’est la même chose si tu les avertis ou non, ils ne croiront pas. Allah  a déposé un sceau sur leurs cœurs et sur leur oreilles, et sur leurs yeux il y a un voile, grand est le châtiment qui les attend” (vv. 6-7). Les Qadaris  de l’histoire islamique primitive nous disent que l’homme a son libre arbitre, et est par conséquent capable de choisir de faire le bien ou le mal. Leurs opposants insistèrent que Allah déterminait toute chose. Alors que les deux partis avaient d’abondantes citations coraniques pour soutenir leur argumentation, au bout du compte les autorités musulmanes condamnèrent le Qadarisme comme étant une hérésie, car il limitait l’absolue souveraineté d’Allah sur toutes choses. Par conséquent ceux qui rejettent la foi le font car c’est la volonté d’Allah, selon ces versets, et non parce qu’ils sont libres de choisir. Voici ce que dit Ibn Kathir: “Ces versets indiquent que quiconque Allah a condamné à vivre dans la misère ne trouvera jamais personne pour le guider vers le Bonheur, et que quiconque Allah mène à l’erreur, il ne trouvera jamais personne pour le guider. » (Une bonne analyse de la controverse des Qadari peut être trouvée chez le théologien islamique renommé Ignaz Goldziher dans son livre Introduction to Islamic Theology and Law.)

Ensuite viennent la condamnation des hypocrites et des faux croyants, qui fréquemment tourmentaient Mahomet tout au long de sa vie de prophète (vv. 13-20). Et finalement, il y a l’assertion du caractère sublime du Coran, à tel point que ceux qui doutent sont mis au défi de produire une sourate aussi belle si ils refusent d’en accepter la provenance divine (v. 23).  C’est un défi que  beaucoup ont relevé, mais bien sûr c’est le genre de défi qui ne peut jamais être satisfait aux yeux de ceux qui l’ont lancé –”Même si les hommes et les djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s’ils se soutenaient les un les autres”. ” (17:88).

2:25 nous présente les fameux jardins du Paradis, où les croyants vont résider — que nous verrons plus en détail plus loin.

2:30-39 nous raconte l’histoire d’ Adam et Eve, dans un style qui suggère que les auditeurs de la récitation sont déjà familiers avec cette histoire. Allah dit aux anges de se prosterner devant Adam (v. 34), un commandement qui semble dépendre du principe biblique selon lequel l’Homme a été créé à l’image de Dieu, même si cette idée n’apparait pas ici. Selon Ibn Kathir, “Allah  a placé la vertu de Adam au dessus des anges, parce qu’il a enseigné à Adam, et non à eux, le nom de toutes choses. » Satan refusa de se prosterner, et par là-même devint un incroyant (v. 34), et il tenta Adam et Eve avec le fruit défendu. Allah promet des révélations pour guider l’humanité, les avertissant que ceux qui ne tiennent pas compte de ces révélations seront punis par le feu de l’Enfer.

La sourate ensuite aux versets 40-75 se tourne vers les Enfants d’Israël, qui jouent un rôle si important dans le Coran (et non pas dans la conscience islamique moderne, ce qui n’est pas une coïncidence) que nous leur consacrerons notre prochain billet.

Ici vous pouvez trouver le reste de la série en anglais. Ici un bonne version du Coran en  Arabe, avec une traduction en anglais disponible, ici deux traditions musulmanes populaires en anglais, celles de  Abdullah Yusuf Ali et de Mohammed Marmaduke Pickthall, avec une troisième de M. H. Shakir. Ici une autre traduction populaire en anglais, celle de Muhammad Asad. And ici un recueil de 10 traductions du Coran.)

Pour finir, pour les francophones, une version en ligne du Coran pour vérifier toutes ces références.

Texte original en anglais écrit par Robert Spencer, sur le site www.jihadwatch.org le 11 Juin 2007

Traduit en français et adapté pour le public francophone par Antoine Martin.( Aka avraidire.) pour le site www.avraidire.eu le 02 Mars 2010

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Bloguer le coran en 3D! Sourate 1, le prologue

Bloguer le Coran : Sourate 1 ; “Le Prologue” ou “l’Ouverture”

La Fatiha (ouverture) est la première sourate (chapitre) du Coran et la prière la plus commune dans l’Islam. Si vous êtes un musulman pieux qui prie les 5 prières quotidiennes requises, vous réciterez la Fatiha 17 fois au cours de ces prières. Selon une tradition islamique, le prophète musulman Mahomet dit que la Fatiha dépassait toute autre révélation venant d’Allah (“le Dieu” en arabe et le mot arabe utilisé par les chrétiens, les juifs et les musulmans arabisants dans la Torah, l’Evangile ou le reste du Coran). Et en effet, cette sourate regroupe de manière efficace et avec éloquence beaucoup des principaux  thèmes du Coran et de l’Islam en général. Allah présenté comme “le Seigneur des Mondes”, qui lui seul doit être adoré et approché pour obtenir de l’aide, le juge miséricordieux de chaque âme quand viendra le Jour Dernier.

En théologie islamique , Allah est celui qui prononce chaque parole du Coran. Certains peuvent trouver étrange le fait que Allah puisse dire quelque chose comme “Allah soit loué, Seigneur des Mondes”, mais dans la tradition islamique on comprend que Allah a révélé cette prière à Mahomet très tôt dans sa vie de prophète (qui commença en l’an 610, lorsqu’il reçut sa première révélation d’Allah par l’intermédiaire de l’ange Gabriel – une révélation qui est écrite dans le 96eme chapitre du Coran) pour que les musulmans sachent comment prier.

C’est pour ses deux derniers versets que la Fatiha nous préoccupe, nous les non-musulmans, et c’est pour ces mêmes versets que la Fatiha a fait la une de certains journaux récemment. Un imam Shi’ite, Husham Al-Husainy, a mis le feu aux poudres en paraphrasant ce passage Durant une prière lors d’une réunion d’hiver du  « Democratic National Committee », donnant l’impression qu’il priait pour que les participants se convertissent à l’Islam. Par la suite, l’ Imam Yusuf Kavakci de la Mosquée Centrale de Dallas pria aussi la Fatiha au Sénat de l’état du Texas, créant dans les esprits les mêmes préoccupations.

Les deux derniers versets de la Fatiha demandent à Allah : 6. Guide-nous dans le droit chemin,

7. le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.

L’interprétation traditionnelle veut que ce “droit chemin” soit l’Islam- voir le livre de l’apologiste islamique John Esposito : The Straight Path (le droit chemin).Le chemin de ceux qui ont provoqué la colère d’Allah est celui des Juifs, et ceux qui se sont égarés sont les Chrétiens.

Le commentateur classique du Coran, Ibn Kathir explique que les deux chemins décrits sont tous deux des chemins d’égarement, et que ces chemins sont ceux des Chrétiens et des Juifs, un fait dont un croyant doit tenir compte afin de pouvoir les éviter. Le chemin des croyants est la connaissance de la vérité ainsi que de vivre par elle. En comparaison, les Juifs ont cessé de pratiquer la religion alors que les Chrétiens ont perdu la vraie connaissance. C’est pourquoi la colère s’est abattue sur les Juifs alors qu’ « être égaré » est une manière plus appropriée de décrire les  Chrétiens.

L’explication de ce passage par Ibn Kathir n’est pas l’interprétation d’un « extrémiste isolé ». En fait, la plupart des commentateurs musulmans croient que les Juifs sont ceux qui ont provoqué la colère d’Allah envers eux et que les Chrétiens sont ceux qui se sont égarés. C’est l’opinion de  Tabari, Zamakhshari, le Tafsir al-Jalalayn, le Tanwir al-Miqbas min Tafsir Ibn Abbas, et Ibn Arabi, ainsi que Ibn Kathir. Une nuance, mais non majoritaire, serait celle de Nisaburi, qui dit que “ceux qui ont mérité la colère d’Allah sont les gens de négligence, et ceux qui se sont égarés sont ceux qui sont immodérés.”

Wahhabis s’est amené des critiques pour avoir dit il y a quelques années  « comme les Juifs” et “comme les  Chrétiens »entre parenthèses dans ce passage du Coran imprimé en Arabie Saoudite. Quelques commentateurs occidentaux se sont imaginé que cette interprétation avait pour origine les saoudiens, ainsi que toute cette idée coranique d’hostilité envers les Chrétiens et les Juifs. Les musulmans partout dans le monde apprenaient en tant que fait que la prière qui est au centre même de leur foi jetait l’anathème sur les Juifs et les Chrétiens.

Mais malheureusement, cette interprétation est vénérable et courante dans la théologie islamique. Il est peu probable qu’imprimer  une interprétation entre parenthèses dans une traduction puisse affecter l’attitude des musulmans, dans la mesure où le texte arabe est  toujours et en tous lieux la référence normative, et puisque tant de commentaires contiennent l’idée que ce sont les Juifs et les Chrétiens qui sont visés dans ce passage. Critiqués dix-sept fois par jour, par celui qui est pieux..

Veuillez remarquer que je ne dis pas que l’interprétation anti-juive et anti-chrétienne de la Fatiha soit « la plus correcte ».Tandis que je ne crois pas que les textes religieux soient indéfiniment malléables  et puissent être interprétés de telle sorte  qu’on puisse leur faire dire ce que l’on veut- comme certains apparemment le font, en l’occurrence cette lecture par Nisaburi- il n’ y a rien dans le texte lui-même qui nous donne la certitude absolue qu’il s’agit de Juifs et de Chrétiens. Il est bon de noter que dans son  volumineux commentaire du Coran intitulé de manière évocatrice  Fi Zilal al-Qur’an (In the Shade of the Qur’an- à l’ombre du Coran), le théoricien du Djihad du vingtième siècle, Sayyid Qutb ne fait pas mention des Juifs et des Chrétiens quand il cite ce passage. En même temps, l’idée selon laquelle dans l’Islam les Juifs se sont attirés la colère d’Allah et que les Chrétiens se sont égarés  ne dépend pas seulement de ce passage. Les Juifs ont attisé la colère d’Allah en rejetant Mahomet (2:87-90), et les Chrétiens se sont égarés en confessant la divinité du Christ. (5:72).

Le Hadith, le recueil  des paroles et des actes de Mahomet et des premiers musulmans, contient aussi des informations faisant le lien entre la colère d’Allah envers les Juifs et  la malédiction sur les Chrétiens, les amenant à s’égarer du droit chemin. (Les Juifs aussi sont maudits, selon le Coran  2:89, et tous deux sont maudits selon 9:30). Un  hadith raconte qu’un des premiers musulmans, Zaid bin ‘Amr bin Nufail, lors d’un de ses voyages, fit la rencontre d’érudits juifs et chrétiens. Le savant juif lui dit”Tu n’embrasseras pas notre religion sans recevoir une part de la colère d’Allah” et le Chrétien dit  “Tu n’embrasseras  pas notre religion sans recevoir une part de la malédiction d’Allah.” Zaid, cela va sans dire, devint un musulman.

A la lumière de ces quelques passages et d’autres du même genre il ne devrait pas s’avérer surprenant que de nombreux commentateurs musulmans aient compris la Fatiha selon ce point de vue.

La semaine prochaine : une introduction au chapitre du Coran le plus long,  Sourate 2, “La vache,” et un résumé des versets 1-39.

(Ici vous pouvez trouver le reste de la série en anglais. Ici un bonne version du Coran en  Arabe, avec une traduction en anglais disponible, ici deux traditions musulmanes populaires en anglais, celles de  Abdullah Yusuf Ali et de Mohammed Marmaduke Pickthall, avec une troisième de M. H. Shakir. Ici une autre traduction populaire en anglais, celle de Muhammad Asad. And ici un recueil de 10 traductions du Coran.)

Pour finir, pour les francophones, une version en ligne du Coran pour vérifier toutes ces références.

Texte original en anglais écrit par Robert Spencer, sur le site www.jihadwatch.org le 04 Juin 2007

Traduit en français et adapté pour le public francophone par Antoine Martin.( Aka avraidire.) pour le site www.avraidire.eu le 23 Février 2010

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