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Jesus a-t-il predit sa Mort Violente?

1) Le Jesus Seminar et la Mort de Jesus

C’est le groupe le plus sceptique parmi les erudits du NT, il fut fonde en 1985 par Robert Funk (ex-chretien,americain) et John Dominic Crossan (irlandais,ex-pretre catholique). Il y a environ 70 membres. L’un de leurs membres,Robert Price (americain,athée,ex-chretien), pense que c’est probable que Jesus n’a jamais existé.

Ils pensent que seulement 20% ou moins des mots attribués a Jesus sont de Jesus.Le Jesus Seminar,ou au moins quelques de ses membres, pense aussi que l’evangile de Thomas (un ecrit qui date de 175 apres Jesus,trouvé a Nag Hammadi,Egypte,en 1945) est probablement de l’année 50 apres Jesus.L’evangile de Thomas est un recueil de 114 dictons attribués a Jesus,au moins 50% sont des dictons retrouvés dans Marc,Matthieu,Luc et Jean. Beaucoup d’autres dictons sont de nature gnostique.

C’est-a-dire avant la date traditionelle pour l’evangile de Marc (70-75 apres J.). C’est dans le livre du Jesus Seminar (dirigé par Robert Funk):“The Five Gospels:What did Jesus really Say?/”Les 5 Evangiles:qu’est-ce que Jesus a-t-il dit vraiment?”)(1993).Comme le Jesus Seminar pense que l’evangile de Thomas est aussi fiable que les 4 autres evangiles ils l’ont inclu parmi les evangiles d’authorité,parmi les evangiles qui sont du 1e siecle.

Je pense que Marc est de 50 apres J.,parce que Luc-Actes s’arrete vers 61 avec Paul encore vivant et sans mentionner la mort de Jacques,le demi-frere de Jesus,chef des chretiens a Jerusalem,vers 62 apres J.On estime que Matthieu et Luc-Actes furent ecrits 10 ans apres Marc.

2) La Methode Historique:

Les historiens utilisent cette methode pour determiner la verité historique ou au moins ce qui est le plus probable.Il y a 6 criteres:

1) Critere de l’attestation recente

On a des ecrits qui sont proches d’un evenement.

2) Critere de l’attestation multiple

On a plusieurs ecrits sur X chose.

3) Critere de l’attestation des ennemis/opposants

Les avis des opposants de X groupe. Ici,les passages de Paul, un ex-ennemi des chretiens, sont tres importants.

4) Critere de la coherence

Que ce qui est ecrit est en harmonie avec notre connaissance archeologique, documentaire, des traditions et des idées du milieu.

5) Critere de dissemblance

Il y a des dictons par Jesus qui sont tres specifiques a lui,tres differents a l’usage de l’epoque ou de l’eglise chretienne.Ces passages sont considerés comme etre sans le moindre doute de Jesus ou avec une probabilité tres haute:

a) Les 50 dictons “Fils de l’Homme”.

b) Les dictons sur le Royaume de Dieu.

c) Les dictons:“Je vous dis”(expression juive pour “je vous parle avec authorité”)

6) Critere de la presence d’information genante

Des choses qui vont contre la propagande de X groupe.On ne croit pas que X groupe va inventer de telles choses.

3) Le Document Q

Ce sont 230 versets/50 dictons communs a Matthieu et Luc mais absents de Marc.On croit que c’etait un recueil des dictons de Jesus ecrit vers 50 apres J.Q fut utilise par Matthieu et par Luc.Dans Q Jesus dit qu’il (le Fils de l’Homme) va mourir dans le dicton sur le Signe de Jonas.

Exemple 1:

Matthieu 12:40:

“Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.”

Exemple 2:

Luc 11:29-30:

“Comme le peuple s’amassait en foule, il se mit à dire: “Cette génération est une génération méchante; elle demande un miracle; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui de Jonas.

Car, de même que Jonas fut un signe pour les Ninivites, de même le Fils de l’homme en sera un pour cette génération.””

4) Le Signe de Jonas

Jonas fut englouti par un poisson gigantesque.Selon ce qui est ecrit l’impression est qu’il y est mort et fut ressuscité par Dieu.Il dit qu’il etait a sheol(le royaume des morts)

Jonas 2:1-2:

“Jonas, dans le ventre du poisson, pria l’Éternel, son Dieu.Il dit: “Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Éternel, et il m’a exaucé; du sein de sheol ( séjour/royaume des morts) j’ai crié, Et tu as entendu ma voix.””

5) Jesus dit 3 fois qu’il va etre tué et va ressusciter

Exemple 1:

Marc 8:31: (aussi repeté dans Matthieu 16:21/Luc 5:35)

“Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, qu’il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après.”

Exemple 2:

Marc 9:31: (repeté dans Matthieu 17:22-23/Luc 9:44)

“Car il enseignait ses disciples, et il leur dit: “Le Fils de l’homme sera livré entre les mains des hommes; ils le feront mourir, et, trois jours après qu’il aura été mis à mort, il ressuscitera.””

Exemple 3:

Marc 10:33-34: (repeté dans Matthieu 20:18-19/Luc 18:31-33)

“Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens,qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le battront de verges, et le feront mourir; et, trois jours après, il ressuscitera.”

6) Une Parabole par Jesus ou il parle de sa Mort

Marc 12:1-9:(repete dans Matthieu 21:33-39/Luc 20:9-15)

“Jésus se mit ensuite à leur parler en paraboles. Un homme planta une vigne. Il l’entoura d’une haie, creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l’afferma à des vignerons, et quitta le pays.

Au temps de la récolte, il envoya un serviteur vers les vignerons, pour recevoir d’eux une part du produit de la vigne.S’étant saisis de lui, ils le battirent, et le renvoyèrent à vide.Il envoya de nouveau vers eux un autre serviteur; ils le frappèrent à la tête, et l’outragèrent.
Il en envoya un troisième, qu’ils tuèrent; puis plusieurs autres, qu’ils battirent ou tuèrent.
Il avait encore un fils bien-aimé; il l’envoya vers eux le dernier, en disant: “Ils auront du respect pour mon fils.”Mais ces vignerons dirent entre eux:” Voici l’héritier; venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous.”

Et ils se saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne.

Maintenant, que fera le maître de la vigne? Il viendra, fera périr les vignerons, et il donnera la vigne à d’autres.”

Analyse

Il y a des musulmans qui soulignent cette parabole comme montrant que Jesus prechait la violence, tuer les autres.Il y a la phrase “Il viendra, fera périr les vignerons”.Les ennemis de Jesus,les responsables de sa mort, ne furent pas tues par les chretiens.

C’est une metaphore qui veut dire qu’ils furent punis par Dieu, c’est une partie d’une parabole,ce n’est pas un ordre de tuer.

7) Jesus parle de sa mort de nouveau

Marc 14:3-8:(repete dans Matthieu 26:-12,Jean 12:1-8)

“Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra, pendant qu’il se trouvait à table. Elle tenait un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et, ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus.Quelques-uns exprimèrent entre eux leur indignation: “A quoi bon perdre ce parfum?On aurait pu le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres.”

Et ils s’irritaient contre cette femme.Mais Jésus dit:” Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine? Elle a fait une bonne action à mon égard;car vous avez toujours les pauvres avec vous, et vous pouvez leur faire du bien quand vous voulez, mais vous ne m’avez pas toujours.

Elle a fait ce qu’elle a pu; elle a d’avance embaumé mon corps pour la sépulture.””

8) La Conclusion du Jesus Seminar:

Il ont conclu en utilisant la methode historique qu’ il y a une tres haute probabilité que le Jesus historique ait predit sa mort violente.

C’est le meme groupe qui rejette le 80% des dictons de Jesus.Ils sont arrivé a la conclusion parce que:

a) Le dicton Signe de Jonas est d’attestation recente (50 ans apres Jesus)/attestation multiple(Matthieu,Luc et Q).

Il dit Fils de l’Homme (critere de dissemblance)

b) Jesus dit qu’il va etre tué et va ressusciter 3 fois dans Marc,Luc et Matthieu (attestation multiple/attestation relativement recente dans le cas de Marc).

Il dit Fils de l’Homme(critere de dissemblance)

c) La parabole ou Jesus parle de sa mort dans Marc,Luc et Matthieu(attestation multiple/attestation relativement recente dans le cas de Marc)

d) Quand Jesus parle de sa mort simplement

L’incident du parfum,c’est dans Marc,Matthieu et Jean(attestation multiple/attestation relativement recente dans le cas de Marc)

9) L’Evangile de Thomas de nouveau

Le Jesus Seminar pense que c’est du 1e siecle,tres probablement de l’année 50. Et voila,dans l’evangile de Thomas on a aussi la parabole trouvé dans Marc 12:1-9/Matthieu 21:33-39/Luc 20:9-15).

Donc ils disent qu’avec l’evangile de Thomas on a encore autre preuve selon le critere de l’attestation multiple/attestation recente de la methode historique que Jesus a predit sa mort violente.

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Les Croisades: Mythe & Réalité

Les Croisades: Mythe & Réalité

On entend souvent des propos de ce type : « Les croisés traversèrent l’Europe pour se rendre au Moyen-Orient. Une fois là-bas, ils pillèrent et assassinèrent les Musulmans et les Juifs, hommes, femmes et enfants sans distinction, et forcèrent les survivants à se convertir au christianisme. Ainsi ensanglantés, ils installèrent des proto-colonies européennes au Levant, qui devaient inspirer et établir un modèle pour des multitudes de colons à venir. Les croisades furent le théâtre des premières exterminations de masse, et constituent une souillure de l’histoire de l’Église catholique, de l’Europe et de la civilisation occidentale. L’horreur fut telle que le pape Jean-Paul II finit par demander pardon au monde musulman pour les croisades. » Y a-t-il du vrai là-dedans ?

Non. Pratiquement toutes les affirmations de ce paragraphe sont fausses, bien qu’étant régulièrement avancées par de nombreux « experts ».

Mythe PC: les croisés établirent des colonies européennes au Moyen-Orient

Faisant route vers l’Orient en réponse à l’appel du pape Urbain, les principaux chefs croisés rencontrèrent l’empereur byzantin Alexis Comnène. Celui-ci persuada chacun d’entre eux d’accepter, conformément aux souhaits d’Urbain II, de rendre à l’Empire byzantin tout territoire qu’ils conquerraient. Les croisés changèrent d’avis au sujet de cet arrangement après le siège d’Antioche en 1098. Alors que le siège s’était prolongé au-delà de l’hiver et que des armées musulmanes venues de Mossoul progressaient vers la ville, les croisés attendaient que l’empereur et ses troupes viennent leur prêter main forte. Mais l’empereur avait reçu des informations indiquant que la situation des croisés à Antioche était désespérée, et fit rebrousser chemin à son armée. Ce qui fut ressenti comme une trahison par les croisés et les rendit furieux. Après avoir pris Antioche et triomphé contre toute attente, ils renièrent leurs engagements envers Alexis et commencèrent à établir leurs propres gouvernements.

Il ne s’agissait cependant pas de structures coloniales. Les états latins du Levant n’auraient certainement pas été considérés comme des « colonies » par quiconque connaissant bien la Virginie, ou l’Australie, ou les Indes orientales néerlandaises des siècles suivants. D’une façon générale, une colonie est un territoire gouverné par une puissance lointaine. Mais les états croisés n’étaient pas gouvernés depuis l’Europe de l’ouest ; les gouvernements qui s’y formèrent n’avaient de comptes à rendre à aucune puissance occidentale. Et les dirigeants croisés ne détournèrent pas les richesses de leurs contrées pour les envoyer en Europe. Ils n’avaient d’arrangement économique avec aucun pays européen. Les croisés établirent leurs états dans le but d’assurer la protection permanente des Chrétiens en Terre Sainte.

En fait, de nombreux croisés cessèrent de se considérer comme Européens. Le chroniqueur Foucher de Chartres écrit:

Considérez, je vous prie, et méditez sur la manière dont Dieu, à notre époque, a transféré l’Occident en Orient. Car nous, qui étions occidentaux, sommes maintenant devenus orientaux. Celui qui était Romain ou Franc est devenu, sur cette terre, Galiléen ou Palestinien. Celui qui était de Reims ou de Chartres est désormais citoyen de Tyr ou d’Antioche. Nous avons déjà oublié nos lieux d’origine ; nombre d’entre nous les ignorent déjà, ou en tout cas n’en parlent plus. Certains possèdent ici des demeures et des serviteurs qu’ils ont reçus par héritage. Certains ont épousé une femme venant non pas de leur peuple, mais de celui des Syriens, ou des Arméniens, ou même de Sarrasins ayant reçu la grâce du baptême. Certains ont dans ces peuples des beaux-pères, ou des beaux-fils, ou des fils adoptifs, ou des pères adoptifs.Il y a ici, aussi, des petits-enfants et des arrière-petits-enfants. L’un cultive la vigne, l’autre les champs. Les expressions et les tournures les plus éloquentes de différentes langues se mêlent dans leur conversation. Des mots pris à chacune sont devenus le patrimoine commun à tous, et ceux qui ignorent leurs origines se trouvent unis dans une même foi. Comme il est dit dans les Écritures, « le lion et le bœuf mangeront de la paille ensemble ». Celui qui est né ailleurs est maintenant presque indigène ; et celui qui était de passage est maintenant un compatriote. [1]

De plus, une autre caractéristique du colonialisme, à savoir l’immigration à grande échelle de population venant du pays d’origine, ne s’est pas réalisée : aucun flux de colons n’est venu d’Europe pour s’installer dans les états croisés.

Mythe PC: la prise de Jérusalem, évènement singulier dans l’histoire médiévale, causa la défiance des Musulmans envers l’Occident

Après un siège de cinq semaines, les croisés entrèrent dans Jérusalem le 15 juillet 1099. Le compte-rendu contemporain d’un Chrétien anonyme a gravé la scène dans la mémoire du monde :

À ce moment, l’un de nos chevaliers, du nom de Liétaud, escalada le mur de la ville. Bientôt, dès qu’il fut monté, tous les défenseurs de la ville s’enfuirent des murs à travers la cité et les nôtres les suivirent et les pourchassèrent en les tuant et les sabrant jusqu’au temple de Salomon, où il y eut un tel carnage que les nôtres marchaient dans leur sang jusqu’aux chevilles. […]L’émir qui commandait la Tour de David se rendit au comte [de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles] et lui ouvrit la porte à laquelle les pèlerins avaient coutume de payer tribut. Entrés dans la ville, nos pèlerins poursuivaient et massacraient les Sarrasins jusqu’au temple de Salomon, où ils s’étaient rassemblés et où ils livrèrent aux nôtres le plus furieux combat pendant toute la journée, au point que le temple tout entier ruisselait de leur sang. Enfin, après avoir enfoncé les païens, les nôtres saisirent dans le temple un grand nombre d’hommes et de femmes, et ils tuèrent ou laissèrent vivant qui bon leur semblait. Au-dessus du temple de Salomon s’était réfugié un groupe nombreux de païens des deux sexes, auxquels Tancrède et Gaston de Béarn avaient donné leurs bannières [pour les protéger]. Les croisés coururent bientôt par toute la ville, raflant l’or, l’argent, les chevaux, les mulets et pillant les maisons, qui regorgeaient de richesses. Puis, tout heureux et pleurant de joie, les nôtres allèrent adorer le Sépulcre de notre Sauveur Jésus et s’acquittèrent de leur dette envers lui.[2]

Lire un compte rendu enthousiaste d’un massacre si gratuit heurte nos sensibilités modernes ; telle est la différence existant entre les attitudes et les principes d’antan et d’aujourd’hui. De façon similaire, trois des principaux chefs de la croisade, Daimbert, archevêque de Pise, Godefroi, duc de Bouillon, et Raymond, comte de Toulouse, se vantent des exploits accomplis par les croisés à Jérusalem dans une lettre adressée au pape Pascal II en septembre 1099 : « Si vous désirez savoir quel sort fut réservé aux Infidèles qui s’y trouvaient, sachez que, dans le portique et le temple de Salomon, les cavaliers s’avançaient dans le sang des Sarrasins qui s’élevait jusqu’aux genoux de leurs chevaux. » [3] Fait significatif : Godefroi lui-même, l’un des chefs de croisade les plus respectés, ne prit pas part à cette boucherie ; peut-être était-il plus conscient que les simples soldats de ce que ce comportement trahissait les principes des croisés.

Baudri, évêque de Dol et auteur d’une Histoire de Jérusalem au début du XIIème siècle, rapporte que les croisés tuèrent entre vingt et trente mille personnes dans la ville. [4] C’est probablement une exagération, mais les sources musulmanes citent des chiffres encore plus élevés. Bien que les plus anciennes d’entre elles ne donnent pas de décompte, Ibn al-Jawzi, écrivant une centaine d’années après les faits, dit que les croisés « tuèrent plus de septante mille Musulmans » dans la mosquée d’al-Aqsa. Ibn al-Athîr, un contemporain de Saladin, le chef musulman qui remporta d’impressionnantes victoires contre les croisés à la fin du XIIème siècle, donne les mêmes chiffres. [5] Mais l’historien du XVème siècle Ibn Taghribirdi consigne cent mille victimes. L’ampleur de ce massacre a crû au cours des siècles, au point que l’ancien président des États-Unis Bill Clinton raconta en novembre 2001 à Georgetown, dans une université catholique de premier plan, que les croisés ne se contentèrent pas de tuer tout soldat ou tout homme musulman, mais aussi « toutes les femmes et tous les enfants de religion musulmane trouvés sur le mont du Temple » jusqu’à ce que le sang ruisselle non pas jusqu’à leurs chevilles, comme rapporté par l’anonyme chroniqueur chrétien, mais « jusqu’aux genoux », reprenant les mots de Daimbert, Godefroi et Raymond. [6]

Cette atrocité, cet outrage, fut – on nous l’a dit et répété – le « point de départ d’une hostilité millénaire entre l’Islam et l’Occident ». [7] Il serait peut-être plus exact de dire que ce fut le point de départ d’un millénaire de diffusion de revendications anti-occidentales et de propagande. Le sac de Jérusalem par les croisés fut un crime odieux – particulièrement si on l’examine à la lumière des principes moraux et religieux qu’ils proclamaient soutenir. Cependant, selon les usages militaires de l’époque, il ne fut pas extraordinaire. En ces temps-là, c’était un principe de guerre couramment accepté que si une ville assiégée résistait à la capture, elle pouvait être mise à sac, et que si elle se rendait, on pouvait user de pitié. Quelques récits relatent que les croisés promirent aux habitants de Jérusalem qu’ils seraient épargnés, puis qu’ils revinrent sur leur promesse. D’autres nous disent qu’ils permirent à nombre de Juifs et de Musulmans de quitter la ville en sécurité. Le comte Raymond de Toulouse donna personnellement son sauf-conduit au gouverneur fatimide de Jérusalem, Iftikhar ad-Dawla. [8] Dans l’esprit d’un croisé, quand de telles garanties ont été données [à ceux qui se sont rendus], ceux qui restent dans la ville sont d’autant plus susceptibles d’être identifiés avec la résistance – et de le payer de leur vie. [9]

Et qu’en est-il de ces flots de sang arrivant aux chevilles ou au genoux ? Ce sont des effets de rhétorique. Et c’est ce que tout le monde aura compris à l’époque où les chroniqueurs chrétiens et les chefs de la croisade louaient l’exploit. En fait, de tels flots ne sont même pas physiquement possibles. La population de Jérusalem tout entière n’aurait pu saigner autant, même en admettant qu’elle ait été remplie de réfugiés des régions environnantes. Le fait que le pillage de Jérusalem ne sorte pas vraiment de l’ordinaire explique probablement le laconisme des premiers récits musulmans concernant cet épisode. Vers 1160, deux chroniqueurs syriens, al-‘Azimi et Ibn al-Qalanissi, décrivirent l’évènement chacun de leur côté. Aucun n’offre d’estimation du nombre de victimes. Al-‘Azimi dit seulement que les croisés « se tournèrent vers Jérusalem et l’enlevèrent des mains des Égyptiens. Godefroi la prit. Ils brûlèrent l’église des Juifs. » Ibn al-Qalanissi ajoute quelques détails : « Les Francs donnèrent l’assaut à la ville et en prirent possession. Un certain nombre des citadins se réfugièrent dans le sanctuaire et bien des gens furent tués. Les Juifs se rassemblèrent dans leur synagogue, et les Francs les y brûlèrent vifs. Le sanctuaire, assuré de se voir en sécurité, se rendit à eux le 22 chaaban [14 juillet], et ils détruisirent les lieux saints et le tombeau d’Abraham ». [10] Ce n’est que plus tard que les écrivains musulmans réalisèrent la valeur de propagande que pouvait revêtir le fait de souligner (et de gonfler) le nombre des morts.

Quoi qu’il en soit, il est bien attesté que les armées musulmanes se sont souvent comportées exactement de la même façon en pénétrant dans une ville conquise. Ce n’est pas pour excuser la conduite des croisés en montrant des incidents similaires et en suggérant que « tout le monde le faisait », comme les apologistes islamiques le font fréquemment lorsqu’ils sont confrontés aux réalités du terrorisme jihadiste moderne. Une atrocité n’en excuse aucune autre. Mais cela montre que le comportement des croisés à Jérusalem fut comparable à celui d’autres armées de la même époque – puisque tous souscrivaient aux mêmes règles de siège et de résistance.

Ainsi, en 1148, le commandant musulman Nur ed-Din n’hésita pas à donner l’ordre de tuer tout Chrétien à Alep. En 1268, lorsque les forces jihadistes du sultan mamelouk Baybars prirent Antioche aux croisés, Baybars fut ennuyé de découvrir que le dirigeant latin, le comte Bohémond IV, avait déjà quitté la cité. Il lui écrivit pour s’assurer qu’il ait connaissance de ce que ses troupes avaient commis à Antioche :

Que n’as-tu vu tes chevaliers prosternés sous les sabots des chevaux, tes demeures subir l’assaut des pillards et saccagées par eux, tes richesses pesées au quintal, tes dames vendues par quatre et achetées pour un dinar de ton propre argent ! Tu aurais vu les croix de vos églises brisées, les pages des faux Testaments éparpillées, les tombeaux des patriarches retournés. Tu aurais vu ton ennemi musulman piétiner l’endroit où vous célébrez la messe, couper la gorge des moines, des prêtres et des diacres sur les autels, amener une mort brutale aux patriarches et l’esclavage aux princes royaux. Tu aurais vu le feu parcourir tes palais, tes morts brûler en ce monde avant de tomber dans les feux du suivant, ton palais rendu méconnaissable, l’église Saint-Paul et la cathédrale Saint-Pierre démolies et détruites ; alors tu aurais dit, « Que ne suis-je poussière, et qu’aucune lettre ne m’ait jamais amené de telles nouvelles! » [11]

La plus célèbre de toutes est peut-être la prise de Constantinople par les jihadistes le 29 mai 1453, lorsque – tout comme les croisés en 1099 à Jérusalem – les attaquants vinrent à bout de la résistance au terme d’un siège prolongé. Ici coulent à nouveau des rivières de sang, comme le note l’historien Steven Runciman. Les soldats musulmans « tuèrent toute personne qu’ils trouvèrent dans les rues, hommes, femmes, enfants, sans discrimination. Le sang ruisselait depuis les rues escarpées des hauteurs de Petra jusqu’à la Corne d’Or. Mais bientôt le désir de massacre fut assouvi. Les soldats réalisèrent que des captifs et des objets précieux leur apporteraient un plus grand bénéfice ». [12]

Comme les croisés, qui violèrent les sanctuaires à la fois de la synagogue et de la mosquée, les Musulmans saccagèrent couvents et monastères, les vidant de leurs habitants, et pillèrent les résidences des particuliers. Ils pénétrèrent dans Sainte-Sophie, qui pendant près de mille ans avait été la plus majestueuse des églises de la Chrétienté. Les fidèles s’étaient rassemblés dans ses murs bénis pour prier durant les ultimes souffrances de la ville. Les Musulmans interrompirent la célébration de l’orthros (matînes), et les prêtres, selon la légende, emportèrent la vaisselle sacrée et disparurent dans la muraille orientale de la cathédrale, par laquelle ils reviendront un jour achever le service divin. Les plus âgés et les plus faibles furent mis à mort, les autres réduits en esclavage.

Lorsque le massacre et le pillage furent terminés, le sultan ottoman Mehmet II ordonna à un clerc islamique de monter en chaire à Sainte-Sophie et d’y proclamer le credo musulman (« il n’y a de dieu qu’Allah, et Mahomet est son prophète »). La magnifique vieille église devint mosquée ; des centaines d’autres, à Constantinople et ailleurs, subirent le même sort. Des millions de Chrétiens rejoignirent les misérables rangs des dhimmis ; d’autres furent asservis, et un grand nombre martyrisés.

Mythe PC: Le chef musulman Saladin était plus clément et magnanime que les croisés

L’une des plus célèbres figures des croisades est le guerrier musulman Saladin, qui rassembla une grande partie du monde islamique derrière lui et infligea de lourds revers aux croisés. À notre époque, Saladin est devenu le prototype du guerrier musulman tolérant et magnanime, la « preuve » historique de la noblesse de l’Islam et même de sa supériorité sur le mauvais Christianisme, occidental et colonialiste. Dans « Les Croisades vues par les Arabes », Amin Maalouf présente les croisés comme à peine plus que des sauvages, qui se gorgent même de la chair de leurs victimes. Mais Saladin ! « Il était toujours affable avec ses visiteurs, insistant pour les retenir à manger, les traitant avec tous les honneurs, même s’ils étaient des infidèles, et satisfaisant à toutes leurs demandes. Il ne pouvait accepter que quelqu’un vienne à lui et reparte déçu, et certains n’hésitaient pas à en profiter. Un jour, au cours d’une trêve avec les Franj [les Francs], le ‹ brins ›, seigneur d’Antioche, arriva à l’improviste devant la tente de Salaheddin et lui demanda de lui rendre une région que le sultan lui avait prise quatre ans plus tôt. Il la lui donna ! » [13] L’adorable nigaud ! Si on la lui avait demandée gentiment, il aurait peut-être donné la Terre Sainte toute entière !

En un sens, c’est vrai : Saladin se mit en campagne contre Jérusalem en 1187 parce que des croisés commandés par Renaud de Châtillon, ayant peut-être médité sur l’exemple du prophète Mahomet, s’étaient eux aussi mis à piller des caravanes, mais des caravanes musulmanes dans le cas présent. Les dirigeants chrétiens de Jérusalem ordonnèrent à Renaud de cesser, parce qu’ils savaient que ses agissements mettaient en danger la survie même du royaume. Mais il continua ; à la fin, Saladin, qui cherchait un prétexte pour entrer en guerre avec les Chrétiens, trouva motif à agir dans les incursions de Renaud. [14]

On fait grand cas de ce que Saladin traita les Chrétiens de Jérusalem avec magnanimité lorsqu’il reprit la ville en Octobre 1187 – en net contraste avec le comportement des croisés en 1099. Cependant, le vrai Saladin ne fut pas le proto-multiculturaliste, sorte de Nelson Mandela avant la lettre, qu’on fait de lui aujourd’hui. Lorsque ses troupes défirent les croisés de manière décisive à Hattin le 4 juillet 1187, il décréta l’exécution en masse de ses adversaires chrétiens. Selon son secrétaire, Imad ed-Din, Saladin « ordonna qu’ils soient décapités [conformément au verset coranique 47:4, « Lorsque vous rencontrez les incrédules, frappez-les à la nuque (…) »], choisissant de les voir morts plutôt qu’emprisonnés. Un cortège d’érudits islamiques et de soufis et un certain nombre d’hommes dévots et ascétiques l’accompagnaient ; chacun d’entre eux sollicitait d’être autorisé à participer à l’exécution, et tirait son sabre, et remontait ses manches. Saladin, le visage gai, siégeait sur son estrade ; les infidèles affichaient un noir désespoir ». [15]

En outre, quand Saladin et ses hommes entrèrent dans Jérusalem peu de temps après, leur magnanimité n’était guère que du pragmatisme. Il avait initialement prévu de mettre à mort tous les Chrétiens de la cité. Toutefois, il céda devant les avertissements du commandant chrétien de Jérusalem, Balian d’Ibelin, qui menaçait de détruire la ville et d’y tuer tous les Musulmans avant que Saladin n’y pénètre. Une fois dans la place, il réduisit néanmoins en esclavage nombre de Chrétiens qui n’avaient pas les moyens d’acheter leur sortie. [16]

Mythe PC : les Croisades furent lancées non seulement contre les Musulmans, mais aussi contre les Juifs

Il est malheureusement vrai que les croisés prirent les Juifs pour cible en plusieurs occasions. Certains groupes de croisés se sont crus autorisés à se détourner de la mission qui leur avait été assignée par le pape Urbain. Lors de la première croisade, excités par des prédicateurs antisémites, un contingent d’hommes qui faisaient route vers l’Orient se mirent à terroriser et à massacrer les Juifs d’Europe. Le comte Emich de Leiningen et ses troupes parcoururent la Rhénanie, tuant et pillant les communautés juives de cinq villes : Spire, Worms, Mayence, Trèves et Cologne. Certains évêques locaux tentèrent d’éviter ces massacres, et le comte Emich et sa suite trouvèrent finalement la mort en tentant d’étendre leur pogrom en Hongrie. Toutefois, le mal était fait ; les échos de ces « exploits » parvinrent au Moyen-Orient et décidèrent nombre de Juifs à s’allier avec les Musulmans et à combattre les croisés. Cinquante ans après, d’autres hommes, liés à la seconde croisade, reprirent le massacre de Juifs en Rhénanie.

Tout ceci est inexcusable, et constitue de plus une énorme erreur de jugement.

Il aurait été beaucoup plus sage de la part des croisés de voir dans les Juifs, confrères dhimmis, des alliés naturels dans la résistance au jihad islamique. Les Musulmans traitaient Juifs et Chrétiens à peu près de la même manière : mal. Il est dommage qu’aucun des deux groupes ne vit jamais en l’autre un compagnon d’infortune de la dhimmitude et un associé potentiel dans la lutte contre l’oppression. Cependant, même de nos jours, huit cents ans après la dernière croisade, ce genre de raisonnement reste rare, et il est donc peut-être injuste de l’attendre de la part des croisés.

De toute façon, peut-on dire que le mauvais traitement des Juifs a constitué un trait caractéristique des croisades en général ? Pas selon les sources historiques. L’appel à la première croisade d’Urbain II lors du concile de Clermont ne dit pas un mot des Juifs, et le clergé fut le principal adversaire d’Emich de Leiningen. En fait, le pape Urbain lui-même condamna les attaques du comte. Bernard de Clairvaux, l’un des principaux planificateurs de la deuxième croisade, se rendit en Rhénanie et mit fin lui-même aux persécutions dont étaient victimes les Juifs, déclarant : « Les Juifs ne doivent point être persécutés, ni mis à mort, ni même bannis. Interrogez ceux qui connaissent la divine Écriture. Que lit-on de prophétisé dans le Psaume, au sujet des Juifs ? Dieu, dit l’Église, m’a donné une leçon au sujet de mes ennemis : ‹ ne les tuez pas, de crainte que mes peuples ne m’oublient.› » [17] Les papes et les évêques appelèrent à maintes reprises à ce que l’on cesse de maltraiter les Juifs.

Même après le carnage et le massacre des Juifs lors de la prise de Jérusalem, durant la période d’existence des états latins d’Outre-mer, les Juifs préférèrent en général vivre dans les zones contrôlées par les Francs, et ce en dépit de l’indéniable hostilité que les Chrétiens d’Europe manifestaient à leur égard. [18] Ils savaient que le sort qui les attendait dans les territoires musulmans était pire encore.

Mythe PC : Les croisades furent plus sanglantes que les campagnes de jihads islamiques.

Les croisés commirent un massacre à Jérusalem; Saladin et ses troupes non. C’est devenu emblématique de ce que la culture populaire sait des croisades: oui, les Musulmans conquéraient, mais les habitants des pays vaincus leur faisaient bon accueil. Ils étaient justes et magnanimes envers les minorités religieuses de leurs territoires. Par contre, les croisés étaient sanguinaires, rapaces, et impitoyables.

Nous avons montré que ce que la culture populaire dit sur ce sujet était complètement erroné. Saladin ne s’abstint de massacrer les habitants de Jérusalem que par pragmatisme, et les conquérants musulmans ont aisément égalé et surpassé la cruauté des croisés à Jérusalem en plusieurs occasions. Les conquérants musulmans n’étaient pas les bienvenus, mais se voyaient opposer une résistance tenace, et y répondaient avec une extrême brutalité. Une fois au pouvoir, ils instauraient de dures mesures répressives contre les minorités religieuses.

Le pape a-t-il demandé pardon pour les croisades?

« Très bien », pourriez-vous dire, « mais en dépit de tout que vous racontez, les croisades restent une tache sur la réputation de la civilisation occidentale. Après tout, même le pape Jean Paul II a présenté des excuses à leur sujet. Pourquoi aurait-il fait cela si elles n’étaient pas considérées aujourd’hui comme des actions réprimandables ? »

L’idée que le pape Jean Paul II ait demandé pardon pour les croisades est en effet très répandue. À sa mort, le Washington Post rappela à ses lecteurs que « durant son long pontificat, Jean Paul II présenta ses excuses aux Musulmans pour les croisades, aux Juifs pour l’antisémitisme, aux Orthodoxes pour le sac de Constantinople, aux Italiens pour les liens du Vatican avec la Mafia et à la communauté scientifique pour la persécution de Galilée. » [19]

Vaste liste, mais Jean Paul II ne demanda jamais pardon pour les croisades. La chose qui s’en rapproche le plus que l’on puisse trouver est cet extrait de son homélie du 12 mars 2000, « journée du Pardon » : « nous ne pouvons manquer de reconnaître les infidélités à l’Évangile qu’ont commises certains de nos frères, en particulier au cours du second millénaire. Demandons pardon pour les divisions qui sont intervenues parmi les chrétiens, pour la violence à laquelle certains d’entre d’eux ont eu recours dans le service à la vérité, et pour les attitudes de méfiance et d’hostilité adoptées parfois à l’égard des fidèles des autres religions. » [20] On ne peut pas dire que cela constitue des excuses explicites pour les croisades. Quoiqu’il en soit, au vu de la véritable histoire des croisades, de telles excuses ne se justifient pas.

Les croisés ne méritent pas la condamnation du monde, mais plutôt – comme nous allons le voir – sa gratitude.

______________
[1] Foucher de Chartres, « Historia Hierosolymitana », Livre III chapitre 37, dans « Recueil des historiens des croisades, historiens occidentaux », p. 468.
[2] « Histoire anonyme de la première croisade », éditée et traduite par Louis Bréhier, Paris, Éditions “Les Belles Lettres”, 1964 (1924), pp. 195-207.
[3] « Inventaire des lettres historiques des croisades », Archives de l’Orient Latin, New York, AMS Press, 1978 (1881), pp. 201-204. Traduction prise dans J.F.A. Peyré, « Histoire de la Première Croisade », Paris, Aug. Durand, 1859, vol. 2, pp. 494-498.
[4] Moshe Gil, « A History of Palestine 634-1099 », Cambridge University Press, 1992, p. 827.
[5] Francesco Gabrieli, « Chroniques arabes des Croisades», Actes Sud, 197x, p.xx. Aussi chez Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, chap. 3 (p. 69 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[6] Discours tenu par B. Clinton à l’Université de Harvard le 19 novembre 2001
[7] Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, prologue à l’ouvrage (p. 10 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[8] Jacques Heers, « La première croisade – Libérer Jérusalem 1095-1107 », éditions Perrin, collection Tempus, 1995, p. 225.
[9] Les croisés reniant leur promesse, voir Moshe Gil, « A History of Palestine 634-1099 », Cambridge University Press, 1992, p. 827. Les croisés laissant s’enfuir certains, voir Thomas F. Madden, « The New Concise History of the Crusades », Rowman & Littlefield, 2005, p. 34.
[10] Cité par C. Hillenbrand, « The Crusades: Islamic Perspectives », Oxford: Routledge, 2000, p. 64-65. Aussi en version écourtée chez Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, chap. 3 (p. 69 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[11] Francesco Gabrieli, « Chroniques arabes des Croisades », Actes Sud, 197x, p. 3xx. Aussi en version écourtée chez Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, chap. 14 (p. 285 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[12] Steven Runciman, « The Fall of Constantinople 1453 », Cambridge University Press, 1965, p. 145. Voir aussi Jacques Heers, « Chute et mort de Constantinople 1204-1453 », éditions Perrin, 2005, p. 254.
[13] Amin Maalouf, «Les Croisades vues par les Arabes», 1983, chap. 10 (p. 208 dans l’édition de poche chez J’ai Lu)
[14] Thomas F. Madden, « The New Concise History of the Crusades », Rowman & Littlefield, 2005, p. 74.
[15] Thomas F. Madden, « The New Concise History of the Crusades », Rowman & Littlefield, 2005, p. 76.
[16] Thomas F. Madden, « The New Concise History of the Crusades », Rowman & Littlefield, 2005, p. 78.
[17] St Bernard de Clairvaux, « lettre 363 adressée au clergé d’Occident»,
[18] Jonathan Riley-Smith, « The Oxford Illustrated History of the Crusades », Oxford University Press, 1997, 116.
[19] Alan Cooperman, « For Victims, Strong Words Were Not Enough», Washington Post, 3 avril 2005.
[20] Pape Jean Paul II, « Messe pour la journée du Pardon de l’année sainte 2000 », 12 mars 2000

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Apologétique et pré-évangélisation, comprendre notre époque

 

APOLOGETIQUE ET PRE-EVANGELISATION

 Inspiré par Francis Schaeffer (The God who is there, escape from reason-démission de la Raison)

  •  
  • L’apologétique est un champ d’études théologique ou littéraire consistant en la défense systématique d’une position. Un auteur s’engageant dans cette démarche est appelé un « apologiste » ou un « apologète » (ce dernier terme ayant une connotation plus religieuse).
  • Défense argumentaire (raisonnée) de la foi chrétienne.

 

INTRODUCTION

D’un voyageur vers une contrée étrangère, on s’attendrait à ce qu’il s’efforce d’apprendre au moins les rudiments de la langue ou dialecte de ce pays pour se faire comprendre. Plus encore, si ce voyageur a l’intention de s’installer pendant une certaine période en territoire étranger, il semble que le bon sens indiquerait l’apprentissage de cette langue. La connaissance d’une langue nouvelle, nous sommes d’accord, lui serait essentielle pour communiquer.

C’est la même chose pour l’Eglise, sa responsabilité n’est pas seulement de préserver les vérités inébranlables de l’Ecriture, mais aussi de les communiquer à la génération de son époque.

Chaque génération de Chrétien rencontre ce problème de savoir comment parler de manière efficace à ses contemporains. Pour communiquer la foi chrétienne de manière efficace, il nous faut comprendre les modèles de pensée de notre temps. Ces modèles varient légèrement d’un endroit à l’autre, de pays en pays. Néanmoins, il demeure des caractéristiques d’une époque qui sont communes à toute une génération, où qu’elle se situe géographiquement. Pour comprendre nos formes de pensée actuelle, il nous faut à la fois nous intéresser à la dimension philosophique et à la dimension historique. C’est en étudiant l’histoire de la pensée que nous pourrons mieux comprendre ses formes actuelles. Le but de cette étude, même si elle ne se veut pas exhaustive, est de mieux saisir quels sont les principes qui ont influencé  cette histoire de la pensée pour que nous puissions présenter des solutions pratiques sur comment communiquer la vérité de l’évangile  à nos contemporain.

 

  1. 1.       Communiquer la foi chrétienne à notre génération

L’apologétique a deux facettes, deux fonctions. La première est la défense de la foi, la deuxième est de communiquer la foi chrétienne à notre génération d’une manière qui lui est compréhensible.

Défendre notre foi car elle sera attaquée, comme elle l’a été depuis le début. Cela ne veut pas dire au sens négatif être sur la défensive, mais être capable de donner des raisons valables pour notre foi et répondre aux objections.

Même pour nous-mêmes, il est important de conserver notre intégrité intellectuelle, et de garder une unité entre notre vie personnelle, dévotionnelle et intellectuelle.

On ne peut pas non plus assumer que parce qu’un chrétien est sauvé et rempli du St Esprit, il n’est plus influencé par le milieu dans lequel il vit.

L’apologétique n’est pas non plus pure spéculation intellectuelle en circuit fermé. Ce que j’entend par là est que son but est de communiquer la foi et non pas d’alimenter des débats stériles entre chrétiens. Nous avons besoin d’établir un contact constant avec la réalité et nous nous devons d’avoir une interaction avec notre génération. Un autre aspect de l’apologétique, surtout dans le cadre des « géants d’influence » de notre société, est que nous devons nous efforcer de changer le climat intellectuel de notre époque. La structure, telle qu’elle se présente maintenant, est hermétique à l’Evangile. Notre mission est d’influencer la pensée de l’époque et d’affecter les modèles de pensée de sorte qu’ils deviennent des sols fertiles pour la parole de Dieu. On peut penser bien sûr à la parabole du semeur. Dans le cadre de notre époque, nous avons souvent affaire à ce sol rocailleux, ou la parole ne peut pas prendre racine. Notre rôle est de préparer cette terre, de la labourer en quelque sorte, pour qu’elle devienne une terre cultivable où la semence de la parole de Dieu pourra prendre racine, germer et croître. C’est ce que l’on entend par pré-évangélisation. Nous nous préparons dans la prière et demandons au St Esprit de lever cet aveuglement dans le cœur des non croyants, mais aussi nous préparons les autres à recevoir la parole en remettant en question leur façon de penser.

Il nous faut communiquer l’évangile en des termes que notre génération peut comprendre. L’idée n’est pas d’avoir le dernier mot dans une discussion mais d’amener les âmes à Jésus . Au bout du compte rappelons nous aussi que c’est impossible sans l’œuvre du St Esprit et que notre combat est avant tout spirituel.

L’apologétique est donc au cœur de notre mission en tant que « sel de la Terre » et « Lumière du Monde ». Une chose très importante et que je voudrais aussi souligner est que lorsque nous parlons d’apologétique, de pré-évangélisation et d’évangélisation, nous avons à faire non seulement à ce que nous appelons des « forteresses » qui se dressent contre la vérité de la parole de Dieu mais aussi et surtout à des individus, uniques dans leur complexité et leur personnalité. Pensez un instant à ces membres de votre famille qui ne sont pas sauvés, à vos amis, vos proches, tous sont des individus précieux et fragiles, créés par Dieu. C’est pour cela qu’il nous faut traiter chaque personne de manière différente, et non pas comme une statistique ou une machine. Il est important de comprendre comment argumenter sa foi de manière rationnelle, toutefois on ne peut pas appliquer ces choses de façon mécanique. Nous devons faire confiance à la direction que nous donne le St Esprit par la prière et la sensibilité à sa voix pour traiter chaque personne d’une manière particulière.

Lorsque nous parlons à ceux qui ne sont pas chrétiens, qu’ils soient athées, musulmans ou sceptiques, quelle doit être notre priorité ? Je crois que c’est l’amour. Nous devons avoir de l’amour et de la compassion envers ceux que nous évangélisons, parce qu’ils sont humains et créés à l’image de Dieu. Parfois nous avons tendance à leur donner une réponse toute faite en ce qui concerne le salut, sans considérer leurs circonstances, leur milieu et leur spécificité. 

La Bible nous offre un système complet et qui présente une unité de pensée de la Genèse à l’Apocalypse. C’est le seul système, si je puis m’exprimer ainsi, qui peut faire face aux défis lancés par notre ère moderne. Les systèmes dit philosophiques répondent à certaines questions mais en laissent beaucoup sans réponse. Seule la Bible fournit les réponses à toutes les questions cruciales.

  1. 2.       Quelles sont ces questions ?

Ce sont les questions qui se présentent à nous lorsque nous faisons face à la réalité de l’existence. Personne ne peut échapper à cette réalité, quel que soit leur système de pensée ou de croyance.

Cette réalité peut être recoupée en deux parties. Premièrement le fait que l’univers existe et a une forme, et deuxièmement ce que l’on peut appeler l’ « humanité » de l’Homme, son caractère unique dans la création.

Même le philosophe existentialiste français  Jean-Paul Sartre reconnaît qu’il y a quelque chose qui est là, quelque chose qui existe, une réalité. Albert Einstein reconnait que ce qu’il y a de plus remarquable au sujet de l’univers, c’est que nous pouvons le comprendre même si ce n’est qu’en partie, au moyen de la science. Tout le monde s’accorde sur une réalité que l’on peut analyser et étudier, même si on ne la saisit pas dans toute sa complexité. D’autre part, nous pouvons ajouter à cela que quoi qu’il dise, l’Homme est unique est créé à l’image de Dieu, et cette réalité nous la vivons tous les jours. Il est écrit que la création révèle Dieu, nous avons assez de preuves qui indiquent l’existence d’un créateur pour que nous le cherchions et inclinons nos cœurs vers lui.

Quelle que soit l’époque, la Bible nous donne suffisamment de réponses pour notre existence. Que ce soit il y a 2000 ans, ou de nos jours, et même si Jésus ne revenait pas avant 500 ans, elle reste un document valide car intemporel. Il est donc faux que de penser que la soi-disant modernité ferme complètement la porte à l’évangile, car les questions existentielles ne changent pas.

Lorsque les gens refusent la vérité biblique, ils renient la révélation de Dieu dans laquelle eux-mêmes existent et évoluent. Ils existent mais n’ont pas de réponse pour l’existence, ils ont des valeurs morales mais pas de base pour ces valeurs.

Lorsque l’on dit qu’une personne est en perdition, on pense logiquement d’un point de vue évangélique à savoir qu’ils sont perdus sans Christ, encore dans leurs péchés et condamnés à passer une éternité en Enfer, séparés de Dieu. Ce qu’il nous faut comprendre, c’est que la majorité de ces gens ne savent pas qu’ils sont perdus, et comment pourraient ils le savoir ? Ils ne croient pas qu’il y ait un juste ou un faux absolu, ils ne croient pas en Dieu, ils n’ont aucune raison apparente de se considérer pécheurs. Très peu croient encore à la culpabilité. Comment alors leur présenter Christ comme sauveur ? « Sauvé, sauvé de quoi ? » vous répondront-ils.

Mais pour comprendre notre génération il faut aussi se pencher sur le deuxième aspect de ce que l’on entend par perdition. Pour eux, cela veut dire ne pas trouver de sens à l’existence. Ils errent sans but, sans morale, sans fondement pour leurs lois, sans principes absolus, sans réponse finale pour quoi que ce soit. Dans un sens, ils savent qu’ils sont perdus.

La Bible ne commence pas avec «  accepte Jésus comme ton sauveur », elle commence avec « Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre ». Voilà la réponse pour notre 21e Siècle et son état de perdition. C’est seulement après avoir clarifié ce fondement que l’on peut expliquer la vraie perdition, conséquence de la Chute. Mais s’il n’y a pas de Création, il n’a pas de Chute et pas de péché, ce qui annule la pertinence d’un sauveur. De quoi donc Jésus est-il venu nous sauver si nous sommes sans péché ?

  1. 3.       La théorie de l’évolution

Permettez-moi à ce stade de faire une petite parenthèse pour aborder le thème de l’évolution. Si l’on se repose sur la croyance évolutionniste, alors le fondement même de la Foi chrétienne est détruit. Sans la vérité historique de la Genèse, le plan du Salut divin, comme nous l’avons vu, perd tout son sens. Je pense que cette théorie de l’évolution, qui trouve ses origines dans le naturalisme et le rationalisme représente dans nos sociétés occidentales l’une des barrières majeures à l’avancée de l’évangile. Comment prêcher Christ à un public qui ne croit même pas en la création, et encore moins en un Créateur ?

Derrière cette théorie se cachent bien sûr des forces spirituelles hostiles au Royaume de Dieu. C’est l’esprit de rébellion et d’autonomie, qui veut pouvoir vivre en se débarrassant d’un Dieu encombrant. C’est cet esprit de l’homme après la Chute, qui est hostile à Dieu et ne supporte pas d’avoir à lui rendre des comptes. De cette volonté d’indépendance ont germé les formes de pensée qui ont amené des théories telles que la théorie de l’évolution à apparaître.

Au cœur de la rébellion de Lucifer face à Dieu reposait le désir d’indépendance, d’autonomie. Accepter la foi chrétienne nous pousse à accepter le fait que nous ne sommes pas autonomes. Nous ne nous sommes pas créés nous-mêmes, nous devons accepter la réalité d’un créateur et d’un sauveur et mettre notre fierté de côté et admettre que nous n’avons rien à voir avec notre naissance et rien à voir non plus avec notre salut, le tout étant opéré par Dieu sans notre intervention. C’est quelque chose qui rencontre la résistance de notre nature corrompue par le péché et qui veut être son propre maître.

 

 

 

  1. 4.       Le Rationalisme

 

L’homme cherche donc à expliquer la Nature sans Dieu, et pour ce faire il part de lui-même et essaie d’expliquer l’existence. Un rationaliste est une personne qui pense que l’Homme peut commencer avec lui-même et sa raison, en plus de ce qu’il peut observer, sans information venant d’une autre source, et en venir à des conclusions en ce qui concerne la vérité, l’éthique et la réalité. La rationalité est quelque chose de différent, c’est ce qui exprime la validité de la pensée, la possibilité de raisonner.

Un rationaliste pense en termes d’antithèse. ( Vrai-faux, juste-injuste, être- non-être)

Cette structure antithétique a son origine dans la réalité même des choses, c’est aussi ainsi que notre intellect est constitué.

La première chose qui nous frappe, c’est la façon contemporaine de comprendre le concept de vérité. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, si vous demandiez à l’homme de la rue d’énoncer son idée du vrai et du faux, il vous répondait dans un contexte antithétique. Ce que je veux dire par là c’est qu’à l’époque l’on raisonnait en termes d’absolus, que ce soit dans la sphère de l’Etre (ou de la connaissance) ou de la Morale. Je m’explique :  s’il y a un vrai il y a un faux, s’il y a un juste il y a un injuste . Formule logique très simple « A est A » et « non-A » n’est pas « A ». Deux entités distinctes et opposées. Si l’on a des absolus, on a une antithèse. Sur cette base, il est possible de débattre des questions de Justice ou de moralité, en opposant les valeurs. Aujourd’hui, on ne peut plus affirmer une telle chose, dire ceci est bon, ceci est mauvais, ceci est juste ou injuste relève plus de l’opinion personnelle, on parle alors du relativisme des valeurs. Lorsqu’il n’y a pas d’absolu, les valeurs sont relatives.

Comment alors prêcher l’Evangile si celui qui prêche et celui qui écoute ne s’entendent pas sur les définitions des mots utilisées. Sur quelles bases s’appuyer si tous deux n’ont pas au moins au départ les mêmes présupposés ?

  1. 5.       Hegel, Kierkegaard et la ligne du désespoir

Francis Schaeffer dans son livre la démission de la Raison dont je m’inspire dans cette étude marque le commencement de ce renversement des valeurs avec Thomas d’Aquin au 13e Siècle. Il voit en la philosophie de Thomas D’Aquin la naissance de l’homme moderne. Nous n’aurons pas le temps ici de nous attarder sur ses thèses et nous feront un bond géant dans l’histoire pour nous intéresser à un philosophe qui nous est un peu plus contemporain en la personne de l’Allemand Hegel.

Hegel ( 1770 -1831) fut l’homme qui ouvrit la porte à ce que Francis Schaeffer nomme la ligne du désespoir. Avant lui, la vérité était comprise sous la forme de l’antithèse, mais Hegel opéra une révolution complète dans le domaine de la pensée qui aura des répercussions bien au-delà de la sphère des institutions d’élites intellectuelles mais affectera l’opinion populaire de ce que l’on appelle la « modernité ».

L’antithèse est liée à la loi de cause à effet, une réaction en chaîne à comprendre de façon linéaire. Avec Hegel tout a changé. A l’antithèse s’oppose la thèse, mais leur conclusion avec Hegel n’est plus une opposition entre les deux, mais une synthèse des deux, différente par sa nature. Cette idée allait ouvrir la voie à des formes de Philosophie telles que le Marxisme. Le résultat est qu’en lieu et place de l’opposition des valeurs, l’on a une synthèse qui nous donne une conclusion relativisée.

Cette synthèse selon Hegel pouvait être atteinte par la raison.

Que se passe t il alors à partir de là ? Et bien arrivent sur le devant de la scène des philosophes tels que Kierkegaard (1813-1855), que l’on appelle le père de la pensée moderne.

Kierkegaard arrive à la conclusion que l’on ne peut pas arriver à une synthèse par la raison ; c’est là la fin du schéma classique, c’est ce que Schaeffer appelle la démission de la raison, le moment où la raison abdique dans sa prétention à comprendre l’existence. Jusqu’ alors l’homme avait placé sa confiance dans la raison, le rationalisme que nous avons évoqué plus haut. Son espoir était de pouvoir comprendre et expliquer l’univers par la raison, sans faire entrer en jeu l’hypothèse d’un créateur. Avec Kierkegaard on franchit le point de non-retour, « la ligne du désespoir » comme l’écrit Schaeffer. Au lieu d’une conclusion logique par la raison, un pas de foi est requis pour comprendre l’existence. En apportant à la pensée moderne ce concept du pas de Foi requis pour comprendre l’existence, Kierkegaard crée un modèle de pensée qui est toujours en place de nos jours. Ce qu’il crée, c’est une séparation entre la sphère du rationnel et de la logique et la sphère de l’irrationnel et de l’illogique. Dans la première catégorie on trouve l’homme et toute la « création », dans ce cadre, l’homme est comme une machine, un organisme biologique. Dans la deuxième catégorie, on place l’expérience existentielle, la dimension « spirituelle » si l’on peut s’exprimer ainsi.

De ce fait, tout ce qui appartient à la sphère du divin, du spirituel, de l’invisible, n’est plus communicable. On a créé un fossé infranchissable entre la raison et tout ce qui a rapport à Dieu.

  1. 6.       Le fossé entre le rationnel et le spirituel

Cela explique pourquoi aujourd’hui, lorsqu’en tant que Chrétiens nous confrontons les scientifiques sur leurs théories, par exemple l’évolution ou le Big-Bang, il semble y avoir entre nous ce fossé infranchissable. Ils disent « laissez nous nous occuper de questions scientifiques et vous, occupez vous de questions religieuses, mais ne venez pas nous ennuyer avec votre obscurantisme et vos superstitions. » Il semblerait que la Foi reste acceptable, tant qu’elle reste une affaire d’opinion personnelle et de choix privé, sans répercussions sur la sphère publique. « Croyez en Dieu si vous le voulez et nous nous continuerons à faire avancer la Science ». L’existence ou la non-existence de Dieu est devenue une question si marginale qu’elle n’est même plus pertinente pour influencer la vie de nos contemporains, du reste c’est ce qu’ils croient.

D’un côté nous avons donc les « faits », comme phénomènes observables, comme les « faits » liés à l’évolution et au Big-Bang, et de l’autre nous avons la Foi, qui n’est guère plus qu’un choix personnel.

Nous l’avons expliqué, pour communiquer l’évangile à une génération complètement perdue, il nous faut attaquer leur système de croyance et remettre en question les fondements même de leurs présupposés. S’ils croient en l’évolution, pourquoi alors ne pas leur demander ce qu’ils pensent de la complexité de la cellule ? Du temps de Darwin, il aurait été encore excusable de croire en l’évolution, car pour nous la cellule primitive n’était guère plus qu’une sorte de gelée informe. Maintenant nous savons que même la cellule la plus primitive est plus complexe qu’un microprocesseur. En fait sa complexité pourrait seulement être comparée à la complexité d’une usine ou d’une métropole. Et nous n’avons même pas commencé à nous intéresser aux formes de vie plus complexes. Ce n’est qu’un exemple. Qu’en est-il du Big-Bang ? Une explosion originelle sans espace et sans temps ? Les observations scientifiques elles mêmes, pour nous qui ne sommes pas aveuglés, nous indiquent toutes la présence manifeste d’un créateur.

 

 

Conclusion

L’apologétique ne devrait pas être séparée de l’évangélisation. Au centre de notre message, il y a Jésus, sa mort et sa résurrection. Le fondement de ce message est le présupposé que le Monde a été créé par Dieu, que ce Dieu est lui-même non créé mais a toujours existé, et il est trinité. Il a créé toutes choses donc rien n’est indépendant de lui.

Nous avons vu l’importance de comprendre quel est le climat intellectuel de notre temps. Si nous le comprenons, nous pouvons le changer. Cela ne contredit en rien la vérité biblique selon laquelle l’évangile est la puissance de Dieu pour le Salut. Ce que nous voulons accomplir, par la prière, la Foi, la parole de Dieu qui est l’épée de l’esprit, c’est un changement de l’atmosphère intellectuelle de notre époque. Il y a des forteresses de la pensée sur nos Terres qui se dressent face à l’avancée du Royaume de Dieu. Nous voulons les détruire au moyen de nos armes spirituelles et préparer le sol, le labourer, pour que la semence qui est la Parole de Dieu puisse pénétrer les cœurs. Nous avons donc ici deux niveaux d’application. Pour chacun de nous en tant qu’individus, une meilleure stratégie pour gagner les âmes de nos voisins, et en tant que corps de Christ, une mission collective de réforme de notre société.

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